Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 113]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

comprise presque tout entière dans le plus gros fragment B. Les leviers des deux soupapes étaient chargés chacun d'un poids total de 4 kilogrammes,

qui, en ayant seulement égard à la grandeur de l'orifice intérieur, dont le diamètre était de 3 centimètres, correspondait à une pression de 5atm,7. Eu égard à l'énorme largeur de la zone de contact,

qui était de I centimètre en projection horizontale , il n'est pas douteux que les soupapes devaient laisser perdre la vapeur, sous une pression qu'on ne saurait assigner, mais qui était notablement inférieure à cette limite. Les indications du manomètre observé quelques

instants avant l'accident, quelque imparfait que fût cet instrument, s'accordent avec les indications tirées de la charge des soupapes pour montrer que la tension de la vapeur était médiocre, et n'atteignait pas encore le degré nécessaire pour la mise en train. Enfin, on était au commencement

de la journée, et le feu n'avait été allumé ou plutôt ranimé que depuis une demi-heure environ, Tout indique donc que l'explosion a été déterminée par un accroissement considérable et rapide de la tension de la vapeur. Cet accroissement peut s'expliquer par le suréchauffement

des parois de la capacité remplie de vapeur,

suréchauffement qui doit nécessairement avoir lieu dans les instants qui précèdent la mise en train de la machine à vapeur, lorsque les carneaux sont disposés comme ils l'étaient dans la re-

torderie du sieur Vanmullem. Il est évident, en effet, que lorsque la vapeur ne s'écoule pas, l'eau pressée par la vapeur, qui est au-dessus d'elle, ne jaillit pas sur les parois de l'espace rempli de va. peur. Celles-ci doivent donc arriver alors à une

A ROUBAIX (NORD).

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température voisine de celle du courant de gaz qui

les lèche extérieurement. Mais dès qu'une issue est offerte à la vapeur par l'ouverture du robinet de mise en train , le soulèvement d'une soupape ou une fissure un peu forte, la pression de la vapeur supérieure diminue, l'eau entre dans un état d'ébullition violente et jaillit tumultueusement contre les parois de l'espace supérieur à la surface de niveau de l'eau tranquille. C'est là , dans mon opinion, l'explication la plus plausible des explosions fréquentes qui ont été observées au moment de la mise en train. M. Meugy suppose que, à Roubaix, la vapeur est sortie d'abord par une fissure qui se serait. déclarée

dans le fragment A, où les feuilles avaient la moindre épaisseur. Comme il est certain qu'il existait déjà une fuite notable près du trou d'homme à l'instant où deux ouvriers sont venus demander au chauffeur dans combien de temps ils pourraient commencer leur travail, il me paraît plus naturel d'admettre que c'est cette fuite, voisine du trou d'homme , qui est devenue plus forte par suite d'une fissure de la tôle ou de la dégradation plus avancée du joint. Quoi qu'il en soit, la supposition d'une issue quelconque ouverte à la vapeur une fois admise, toutes les circonstances de l'explosion de Roubaix trouvent une explication rationnelle dans la génération brusque de vapeur qui a dû être le résultat de la projection de l'eau sur les parois suréchauffé,es. L'accroissement de tension qui en est résulté a pu d'autant mieux déterminer la rupture, que le métal de la chaudière était aigre et cassant : il est même vraisemblable que ces mauvaises qualités lui ont été communiquées par la circulation prolongée des gaz