Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 110]

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A ROUBAIX (NORD).

EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

sion

, car le chauffeur n'avait pas l'habitude de surcharger ses soupapes, et le manomètre n'indiquait pas que la vapeur eût une tension considérable. Il faut donc attribuer l'accident à la forma-

tion subite d'une grande quantité de vapeur.

L'instantanéité de l'explosion et les effets terribles qu'elle a produits, comparativement aux faibles dimensions de l'appareil, tendent à confirmer cette opinion. Le peu d'épaisseur du métal et les détériorations successives qu'il avait éprouvées ont contribué aussi à faciliter la rupture de la chaudière en plusieurs fragments, dès que celle-ci a dit céder à l'action de la force qui surgissait dans son intérieur. Maintenant comment cette force a-t-elle pu se développer tout à coup? Il faut pour cela supposer que la chaudière a rougi en quelque endroit, soit à la partie inférieure, soit an niveau des seconds carneaux. Dans le premier cas, l'action du

feu sur le métal a pu faire fendiller les dépôts et permettre à l'eau d'arriver en contact avec la

-tôle rouge ; mais le peu d'épaisseur des sels terreux qui existaient au fond du générateur, l'absence de déchirures à la partie inférieure de l'appareil , qui forcerait d'admettre que les dépôts n'ont été fendillés qu'au-dessous de l'anneau A ou au coup de feu ; enfin la direction même des li-

gnes de rupture me font regarder la première hypothèse comme la moins probable. Je crois plutôt que la chaudière aura étélrûlée au-dessus du niveau d'eau par la flamme circulant dans les

carneaux supérieurs, et que la résistance de la tôle de l'anneau A, qui est la plus faible, ayant été altérée considérablement, il s'y sera déclaré une fente, qui en donnant issue un instant à la vapeur, aura provoqué un bouillonnement violent

la chaudière. L'effet de ce bouillonnement aura été de projeter l'eau contre les parois rougies et de produire immédiatement l'explosion. Les dégâts les plus considérables ayant eu lieu du côté opposé au foyer, je suis porté à-croire que la première fente s'est déclarée sur l'anneau A du côté de la cour ; que cet anneau se sera renversé vers le chemin de Blanchemaille , et ne se sera séparé définitivement de la chaudière que lorsque 2dans

celle-ci aura été entiouverte et partagée en plusieurs fragments. Remarquons, en effet, que la maison marquée (5) sur le plan général n'a été nullement endommagée la vapeur, et que, par conséquent, la chaudière a dû pivoter d'abord horizontalement, de manière à se placer à peu près perpendiculairement à l'atelier. La projection des fragments A, l3; C, se conçoit alors sans difficulté. En effet, le tronçon C a décrit une trajectoire dirigée dans le plan vertical passant par l'axe de la chaudière déplacée, et n'a

par,

obéi qu'a deux forces agissant parallèlement et normalement au générateur , lesquelles forces se sont développées au moment où la chaudière a été déchirée transversalement , puis longitudinale-

ment. Je suppose que le tronçon B aurait été lancé à peu près dans la même direction , si le fragment de tôle qui tient à ce tronçon s'était détaché, parce qu'alors le tronçon serait devenu parfaitement symétrique, et il n'y aurait eu aucune raison pour qu'il fût projeté à droite plutôt qu'a gauche. Enfin , le fragment A a dû être soumis non-seulement à l'action des deux forces désignées ci-dessus, mais encore à une puissance normale aux deux précédentes qui a agi

sur lui au moment de la première déchirure.