Annales des Mines (1846, série 4, volume 9) [Image 51]

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DU MIDI DE L'ESPAGNE.

SUR LES MINES ET LES FONDERIES

Cette histoire est celle de bien des mines en Espagne et ailleurs. L'autre mine dont j'ai à parler est située sur la rive opposée du fleuve auquel la plaine de Motril

doit son admirable fertilité (1). On y arrive, en cheminant dans le lit du fleuve lui-même , qui s'est ouvert un passage au milieu de roches calcaires présentant des escarpements à pic de plus de ioo mètres de hauteur. La mine est connue sous le nom de Columba. Elle gît au milieu des masses puissantes de dolomie cristalline, d'un blanc sale , à stratification confuse, dont il a été question au commencement de cette note. On dirait que la veine métallifère est disposée dans le sens des couches : elle embrasse une puissance de 2 mètres, qui se compose de la roche en-

caissante, sillonnée de veinules d'hydroxyde de fer terreux, rouge et jaunâtre. La puissance totale de ces veinules réunies atteint à peine o",2.9 là où

elles sont le plus prononcées. Elles serpentent dans la dolomie, en oscillant autour d'une direction régulière, que j'ai estimée E.O. sans bous(1) On y cultive en grand la canne àsucre , le cotonnier, la patate, etc. Le laurier-rose abonde dans les vallons incultes. On voit d'ailleurs ce charmant arbrisseau dans toutes les ramblas du midi de l'Espagne, à partir de Murcie. C'est à peu près le seul bois du pays : aussi est-il coupé annuellement pour le chauffage domestique des campagnes, et pendant l'été il ne se montre qu'à l'état de jeunes pousses tendres, de hauteur médiocre, mais trèstouffues et chargées d'une merveilleuse profusion de fleurs roses. A Grenade, dans les jardins du Generalife, on voit d'énormes lauriers à fleurs blanches. La rencontre de ces jardins naturels de lauriers roses, au milieu de l'aridité des plaines non arrosées et de la nudité désespé-

rante des montagnes, forme le seul plaisir des yeux

promis au géologue qui explore les gites métallifères du midi de l'Espagne.

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sole. Ces veinules se renflent parfois et donnent lieu à des espèces de ganglions ferrugineux , à bords déchiquetés (Voir PI. Il, fig. 7). Le cuivre se montre au milieu de l'hydroxyde de fer en petits cristaux de carbonate bleu et vert peu abondants. Quelques fissures irrégulières de

la dolomie renferment, en outre, des taches bleues : je n'en ai pas observé de vertes. Les travaux faits sur ce gîte se réduisent à une sorte de tranchée ouverte sur l'affleurement luimême, qu'elle suit du haut du coteau à sa base, sur une longueur de 6o mètres environ. La partie

la plus profonde de cette excavation à ciel ouvert n'a pas plus de 4 à 5 mètres. A en juger d'après les apparences actuelles, on croirait que les faibles indices dont j'ai parlé vont en s'amincissant dans la profondeur. Ce gîte me paraît être sans importance. Je crois néanmoins avoir fait connaître les deux Diverses autres

principales mines de cuivre de Motril. On en cite plusieurs autres, moins encore peutêtre dans le pays qu'à Marseille ; mais je pense que, pour croire à leur importance, il ne faut pas les voir.

Je ne mentionnerai que pour mémoire les

sables aurifères de Grenade, qui ne sont plus exploités, mais dont les récits espagnols disent des merveilles, et une nouvelle mine de mercure qui met en émoi tout le pays, d'Almeria à Cadix, bien qu'on n'en connaisse que quelques fragments roulés , découverts dans je ne sais quelle t'ambla de l'Andalousie. Je n'ai cherché à visiter ni l'un ni l'autre de ces gisements, fatigué d'exagérations incroyables qui

avaient été déjà pour moi l'objet de plus d'un mécompte, et préférant donner le peu de temps