Annales des Mines (1836, série 3, volume 9) [Image 323]

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RECHERCHES

accumulé de toutes les déjections opérées depuis a 000 ans.

De là, il résulte qu'une éruption de l'Etna

peut être considérée comme un phénomène de soulèvement, précédé et accompagné de violentes

secousses, et suivi de l'exhalation d'une grande quantité de fluides élastiques, de l'éjection de ma-

tières incohérentes, et de l'émission de matières fondues qui coulent sur ses flancs sous forme de laves. L'émission des laves est ce qui frappe le plus les yeux; mais peut-être le soulèvement opéré

à chaque éruption est-il le phénomène le plus important ; du moins serait-il nécessaire de recou-

ri r à des mesures exactes avant d'oser affirmer qu'il ne contribue pas plus efficacement que l'émission des matières répandues sur la surface, à l'accroissement de la protubérance volcanique ou au moins de la gibbosité centrale. Les remarques que je viens de présenter sont tellement contraires à l'idée qu'on se fait généralement de la stabilité des fondements d'une montagne telle que l'Etna , qu'elles ne manqueront pas de paraître pour le moins hasardées. Il me semble cependant qu'il suffit de quelques instants de réflexion pour sentir qu'elles ne sont ni impossibles ni même improbables. Les fentes dont j'ai parlé, et le soulèvement qui écarte leurs parois, se produisent lorsque les agents intérieurs qui occa-

sionnent les éruptions, commencent à se mettre en jeu et à déboucher leur cheminée obstruée : ce doit être évidemment le moment de la plus grande énergie de ces agents encore comprimés. Or, la puissance mécanique de ces agents reste encore immense pendant tout le cours de l'éruption , puisqu'elle suffit pour élever une colonne de

'CIR LE MONT ETNA

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lave.fondue depuis le foyer volcanique situé sans doute beaucoup au-dessous du niveau de la mer, jusqu'à la cime de l'Etna élevée de 3,3oo mètres. La pression exercée sur sa base par cette colonne de lave liquide, ne doit pas être inférieure à celle qu'exercent sur une base égale, les matières dont l'Etna se compose, car on ne peut supposer que la densité de la lave incandescente comprimée, soit sensiblement inférieure à la densité moyenne des laves fendillées, des scories poreuses et des

autres matières dont l'entassement constitue la montagne. On conçoit d'après cela que, si les laves

sortant du foyer volcanique ne trouvaient pas une cheminée prête leur donner issue, elles pourraient se répandre dans les fissures des roches avec lesquelles elles se trouveraient en contact, et

y produire une sorte de presse hydraulique dont la pression, telle que nous venons de la calculer, se trouverait correspondre au poids de la masse super-incombente , et n'aurait à surmonter cine la faible cohésion de cette même masse pour la soulever en entier. Ainsi, par cela seul que les agents intérieurs qui

existent au-dessous de l'Etna , élèvent les laves

jusqu'à sa cime, il est prouvé que ces mêmes agents peuvent soulever les parois même de la cheminée volcanique. On pourrait même concevoir que l'élévation de la montagne toute entière

ou pour mieux dire, de la gibbosité centrale ,. ait été produite par ces mêmes agents ou par des agents (lu même ordre ; et, quelque gigantesque qu'un pareil effet puisse nous paraître, ce ne serait que dans l'examen de la structure même decette masse qu'on pourrait trouver la preuve que rien de pareil n'a eu lieu.