Annales des Mines (1827, série 2, volume 2) [Image 324]

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NOTICE 622 des exploitations, et dressa, en 1776 et 1777 , une carte

minéralogique de ce district, carte qui fut gravée à Dresde, publiée en 1781 , avec quelques notices sur les travaux de son auteur, dans 1' _Histoire des mines- d'Ilmenau , par le conseiller des mines Voigt , et qui, au jugement des plus célèbres minéralogistes allemands de Pépoque actuelle, est encore le meilleur document que Pon possède sur cette contrée. A la même époque, S. A. R. MONSIEUR, Comte de ), ayant chargé l'ambassaProvence ( depuis Louis deur de France à la cour de Saxe de solliciter de Pélecteur Penvoi d'un officier des mines très-instruit, pour diriger les mines d'argent et d'or du Dauphiné qui lui étaient concédées , M. Schreiber fut l'objet de l'honorable désignation de son souverain, et il arriva en France, avec un maîtremineur de son choix, en septembre 1777. 11 prit aussitôt la direction de la mine d'argent d'Allemont , située dans la montagne des Chalanches, près du bourg d'Oisans. La

multiplicité des petits filons de cette localité , le peu de constance et les nombreux accidens de leur allure , offrent à l'exploitation des difficultés sans cesse renaissantes qui demandent toute la science de Pingénieur habile et tout

le tact du mineur exercé ; mais M. Schreiber réunissait ces deux qualités dans un degré éminent : des travaux de recherche multipliés étaient sans cesse et avec art dirigés par lui dans tous les sens, et ils faisaient souvent reconnaître de nouveaux gîtes productifs, au moment où les gîtes, jusqu'alors exploitables avec avantage, devenaient stériles ou disparaissaient totalement. C'est à cette prévoyance active, à l'habile direction des procédés métallurgiques, procédés que M. Schreiber a fait connaître de-

puis dans le tome X du Journal des Mines, et à l'esprit d'ordre et d'économie qu'il apporta dans l'ensemble de son administration, qu'il dut le succès de l'im-

portant établissement qui lui était confié, succès qui commença dès la première année de sa gestion: , et qui fut continuel tant qu'un fonds de 'roulement suffisant fut laissé, par l'administration éclairée du Prince concessionnaire, à la disposition du directeur. Ce fonds de roulement était d'environ. 64.000 francs, Ot peu d'années ayant

suffi pour couvrir les dépenses premières de rentre-

prise, les produits de l'exploitation s'élevèrent ensuite annuellement, jusqu'en 1792, à plus de 25 pour 100 au-delà

NÉGÉOLOGIQUE.

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des dépenses. Ce bénéfice se serait sans doute encore accru,

si l'emploi de sommes plus considérables dit permis des travaux plus étendus ; il diminua au contraire , et cessa

bientôt, du moment où, par suite de l'émigration du

Prince, la mine fut exploitée au compte de l'administration des domaines; qui n'y consacra annuellement que des sommes trop modiques. Cependant, M. Schreiber continua encore pendant dix ans à diriger l'établissement, et son habileté suppléant autant qu'il était possible à Pinsuffisance des moyens qu'on lui accordait et à Pinconstance extrême des gi tes métallifères, les dépenses surpassèrent très-peu les recettes , et la mine et l'usine furent entretenues jusqu'en 1802 dans un état parfait de conservation. M. Schreiber avait aussi dirigé, en 1781 et dans les années suivantes , quelques travaux de recherches sur la mine d'or de la Gardette en Oisans : ces travaux étaient lutéressans en ce qu'ils avaient pour objet la seule mine d'or exploitée en France ; ils ont fait connaître un filon trèsbien réglé ; ils ont produit de beaux échantillons d'or et de cristal de roche pour les cabinets de minéralogie, ainsi qu'une certaine quantité d'or, avec laquelle on a frappé des médailles ; mais la valeur de ces produits ne suffisant pas pour couvrir les frais d'exploitation, la mine a été abandonnée en 1787. Les talens de M. Schreiber furent bientôt généralement 'connus. Dès 1784, un habile ministre , auquel l'industrie de la Prusse , et spécialement l'industrie minérale, ont été redevables de grands progrès, M.de Eleynitz, chercha à l'engager à passer au service prussien, et lui offrit la direction des

mines de Tarnowitz en Silésie avec d'assez grands avantages ; mais M. Schreiber résista à des offres qu'il pouvait regarder comme séduisantes, pour rester attaché au Prince français qui lui donnait d'honorables témoignages de satisfaction , et auquel , selon ses propres expressions appartenait autant par la reconnaissance que par la nature de son emploi. Ce dévouerudnt et les services rendus aux exploitations françaises furent récompensés, peu de mois après, par le titre d'Inspecteur honoraire des milles, dont le brevet fut délivré à M. Schreiber le 14 juin 1784. En 1787, MONSIEUR augmenta son traitement, qui fut

porté à 4.5oo francs, et il lui assura une pension viagère de 2.400 francs, pour l'époque où il désirerait obtenir sa retrait e.