Annales des Mines (1823, série 1, volume 8) [Image 3]

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SUR LES MARBRES 4 portante de nos richesses minérales, autrefois florissante , aujourd'hui négligée , ou même

bientôt entièrement perdue pour nous, si le Gouvernement n'avait enfin répondu à votre sollicitude : car telle était, vous disions-nous naguère, telle était lu situation de nos marbrières,

que dans ce même pays où les Empereurs Romains, où Charlemagne, François Ier., Henri 1V et LouiX1V, trouvaient les marbres de leurs superbes palais , aujourd'hui les temples , les édifices publics,. le Louvre, les tombeaux de l'abbaye de Saint-Denis, les statues des Rois, et

jusqu'à la fontaine de l'éléphant, tout est décoré de marbres étrangers, apportés à grands frais des pays voisins au détriment des marbrières,françaises

Telleéenotre position, que dans les Gau-

les, dont les Romains connaissaient mieux les marbres_ que nous ne les connaissons, et où ilspuisaient' les matériaux des magnifiques monumens dont nous voyons les vestiges précieux à Lyon, à Vienne, à -Valence, à Aix, à Nîmes, à Avignon à Arles, à Marseille, à Toulouse, à Beirdeaux,,Y1 Limoges, etc. (2); telle était (1) Les huit Colonnes en marbre royal d'un seul morceau dont le fût est de 5.m,79 sur orn,57-8 de diamètre, qui vieil,nent d'AVe,placées,dans le vestibule du premier étage du nouvel hôtel du Ministre des finances, ont été tirées des carrières de Franchimont en. Belgique, près de Philippeville. Chaque

colonne en place est revenue à 5,272 francs 6 centimes, sans base ni chapiteau. On verra plus loin que Louis XIV n'employait dans ses palais que des colonnes de marbre de France. (2) Nous admirons la beauté (les marbres et des granits que les Romains ont employés dans la construction et l'ornement dée temples qu'ils élevèrent dans les Gaules ; nous regrettons de ne pas connaître les carrières d'oit ils les ont tirés,,,,et ce-s,

DE 'ERAN'CE.

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enfin, "nous le répétons, notre position, semblait déjà, à voir nos édifices, nos palais et carrières sont souvent aux portes ou à peu de distance de ces nt,3rnes villes. C'est ainsi : 1°- que les deux belles colonnes

de granit de l'autel que les soixante nations des Gaules élevè-

rent à Auguste, et dont postérieurement nos pères ont fait, sur le même emplacement , les quatre colonnes du chur de l'église d'Ainay, , en coupant leur superbe fût par le milieu de leur longueur, sans être arrêtés par la différence des proportions ; c'est ainsi, disons-nous , que ces deux belles colonnes ont été extraites des environs de Lyon; 2°. Que dans la cathédrale de Belley (département de l'Ain) , ,on voit quatre colonnes de semblable granit provenant de deux

belles colonnes antiques également coupées par la moitié ; 50 Qu'à Vienne et à Valence, on trouve journellement des monumens des marbres et des granits du Dauphiné

4°. Qu'à Avignon, Nîmes, Ânes, Aix, Marseille, Fréjus, etc. , les ruines présentent aux minéralogistes des échantillons des plus beaux marbres, granits, porphyres, etc. des montagnes du Var et des Alpes maritimes;

5°. Qu'a Toulouse, et dans toutes les villes voisines, on trouve des statues et des monumens en marbre, dont lés carrières ont été reconnues dans la chaîne des Pyrénées, ois les Romains avaient ouvert de toutes parts des exploitations de marbres statuaires et d'architecture monumentale de la plus grande beauté, aujourd'hui abandonnées faute de chemins et dans lesquelles on trouve encore plusieurs monumens ébauchés et restés sur place 6°. Qu'à Limoges, un magnifique amphithéâtre, construit sous Adrien, pouvant contenir dix mille spectateurs, et qui a subsisté jusqu'au règne de Louis-le-Débonnaire , avait été décoré de superbes colonnes de serpentine prétendue orientale, que les Romains avaient extraites des montagnes voisines de cette ville. Nous pourrions encore multiplier les exemples des anciens rnonumens des Gaules construits ou décorés avec nos marbres

indigènes ; mais nous pensons que ceux que nous venons de citer suffiront pour prouver que les Romains connaissaient et appréciaient mieux que nous, les richesses minérales de notre sol-