Annales des Mines (1817, série 1, volume 2) [Image 5]

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DES ESPkCES MINÉRALES«

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SUR LA DÉTERMINATION

sur leurs bords, d'où résultaient de nouveaux plans plus ou moins étendus; mais il ne poussa pas plus loin cette idée, et ne sut pas l'appliquer à la détermination des espèces.

M. Haüy vint ensuite, et non-seulement il multiplia les observations des cristaux, -mais il sut appliquer à-la-fois à la cristallographie les raisonnemens 'du physicien et les calculs du

géomètre. Il est parvenu, par une méthode

aussi ingénieuse qu'exacte, à démontrer que,

dans chaque substance, toutes les formes ',cristallines se rattachaient à un seul système géométrique; que ce système était différent dans les -corps différens, et qu'il était invariable dans toutes les variétés que leur ressemblance porte à réunir dans une même espèce. 11 conclut, par conséquent, que la cristallisation était le caractère le plus sr dont on puisse se servir dans la détermination des espèces. De là est résultée une nouvelle classification où l'espèce minérale se trouve définie une col/ection de corps, dont les molécules intéenntes cnzt semblables et composées des mêmes' éldsmens en mêmes proportions. On voit que, d'après cette définit ion, les résultats de l'analyse chimique, et ceux de la cris-

tallographie, sont pris à-la-fois en considération. Mais dans l'application on reconnaît que l'anteur accorde une très-grande prépondérance à la cristallographie , nori_par une prédilection particulière pour la science qu'il a pour ainsi dire créée, mais par su ite d'un examen raisonné dans chaque espèce, du degré d'exactitude et de constançe, tant des résultats de l'analyse chimique que de ceux de la cristallisation.

Cette préférence donnée aux caractères cris, tallographiques a été la source de grandes

en ce qu'elle a conduit M. Haüy à séparer eussions'des corps que la chimie identifiait, et à en rapprocher d'autres que la chimie tendait à séparer. En un mot, les résultats de la cristallographie se sont trouvés souvent en opposition avec- ceux de l'analyse. Tantôt les mêmes principes, à-peu-près en mêmes proportions, ont été reconnus dans des corps de

cristallisations incompatibles ; tantôt, au contraire, des principes, différens en nombre ou eri proportions, se sont rencomrés dans des corps de cristallisations identiques (1). Les cristallographes regardent les corps dont les formes dérivent d'un même système cris-

tallin, comme appartenant exclusivement à la même espèce, et ceux dont les formes dérivent 'd'un système différent, comme devant cons:tituer des espèces distinctes-,-----quelle que soit d'ailleurs la composition. Les chimistes, au. contraire, soutiennent que les corps de même composition appartiennent à la même espèce, et ceux de composition différente à des espèces distinctes, quelle que soit d'ailleurs la cristallisation.

11 appartenait à M. Haüy d'éclairer: cette discussion; c'est ce qu'il s'est proposé de- faire dans son tableau comparatif des résultats de la cristallographie et de l'analyse chimique, publié

(i) II n'est pas question ici des j'ormes limites, c'estàdire des formes régulières de la géométrie qui peuvent appartenirà des substances différentes, comme, par excruple,. l'octaèdre régulier, qui appartient àlafois à la cliffl. fluatée, au diamant, au fi.er oidulé, etc.