Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 79]

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GRISOU. COMMISSION

prévoir quelle est, au point de vue de l'explosibilité, l'influence de ces gaz accessoires. Elles ont montré que, si l'on prend la vitesse de propagation de l'inflammation comme la mesure des propriétés explosives du gaz, il faut, pour diminuer la vitesse de propagation dans un mélange détonant d'air et de grisou, du tiers de sa valeur, la présence de 5 p. 100 d'acide carbonique. Or, on n'a jamais trouvé de grisou tenant plus de 0,06 d'acide carbonique, et comme le mélange le plus détonant d'air et de grisou ne tient que o,og56 de grisou, il ne peut tenir plus de 0,006 d'acide carbonique; ce qui ne peut abaisser la vitesse de propagation de plus de i/3oe, quantité tout à fait insignifiante. Les mêmes expériences ont montré que la vitesse de propagation du mélange tonnant d'air et de gaz d'éclairage est seulement double de celle du mélange tonnant d'air et de formène pur. Or, le gaz d'éclairage, en négligeant les gaz qui ne s'y trouvent qu'en faible quantité, tient environ 2 d'hydrogène pour 1 de formène. La présence de 3 à U p. 100 d'hydrogène dans le grisou ne peut donc accroître notablement ses propriétés explosives. Les faits connus antérieurement et ceux que la commission a fait connaître permettent donc d'affirmer avec certitude que les mélanges détonants que l'on rencontre dans les mines grisouteuses ne possèdent pas de propriétés sensiblement différentes de celles des mélanges d'air et de formène que l'on peut préparer artificiellement. On peut même regarder les propriétés de ce mélange comme un maximum qui n'est pas souvent atteint dans la mine. Les différences notables qui peuvent se produire ne peuvent, en effet, provenir de la désoxygénation de l'air dans les chantiers, et du mélange à l'air de la mine d'acide carbonique provenant de causes diverses. Toutes ces influences diminuent le pouvoir explosn du gaz. Nous croyons donc qu'il conviendrait de bannir de la science et d'écarter des préoccupations déjà si nombreuses de l'ingénieur, ce fantôme de gaz particulièrement méchants. Il est clair que le grisou détonera moins facilement dans une partie de la mine où, soit par une cause, soit par une autre, l'air contiendra une proportion notable d'acide carbonique ou manquera d'une notable quantité de son oxygène normal. En dehors de ces circonstances exceptionnelles, nous regardons comme acquis à la science et à l'art des mines que les mélanges détonants des mines ne sont jamais plus dangeureux que ne le sont les mélanges d'air et de formène préparés dans les laboratoires. Tout en regrettant que le programme de la commission n'ait pu

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GRISOU.

être sur ce point plus complètement rempli, et que nous ne puissions opposer aux analyses assez nombreuses faites sur le grisou des mines anglaises, un travail semblable fait sur le gaz de nos houillères, nous estimons que la sécurité des mines n'est plus intéressée directement dans ces recherches, et que la question est résolue en ce qui la touche. Composition du gaz provenant de la combustion du grisou. — Les propriétés chimiques du grisou sont assez bien connues, puisqu'on peut assimiler ce gaz au formène. La sous-commission a cependant cherché à préciser la nature des gaz auxquels la combustion du grisou donne naissance. On a trouvé que lorsque la proportion de grisou dans l'air est inférieure à 9,5 p. 100, la combustion ne produit, comme on doit s'y attendre, que de l'acide carbonique et de l'eau. Lorsque la proportion de grisou est supérieure à 9,5 p. 100, il se produit, en outre, de l'oxyde de carbone, en même temps que du grisou et de l'hydrogène restent non brûlés. Avec un air tenant 12 p. 100 de grisou, les produits de la combustion, après condensation de la vapeur d'eau, étaient formés, sur 100 volumes, de û,8 d'acide carbonique, 3,9 d'oxyde de carbone, 2,5 de grisou ou autres hydrogènes carbonés, 5,5 d'hydrogène et 82,2 d'azote. Un semblable mélange gazeux est toxique et irrespirable. Pour qu'il devînt respirable, il faudrait y ajouter un volume d'air tel que le mélange total contint i5 p. 100 d'oxygène au moins. L'atmosphère tiendrait encore 1,1 p. 100 environ d'oxyde de carbone et serait éminemment toxique. Ce fait peut avoir son influence pour augmenter le nombre des victimes d'une explosion. Toutefois, il doit être en général assez rare que l'air d'une mine, même au moment d'une explosion, tienne une proportion de grisou égale à 12 p. 100, c'est-à-dire supérieure de 2,5 p. 100 à celle qui donne le maximum d'explosibilité. Si l'oxyde de carbone se rencontre en proportion toxique dans l'atmosphère de la mine après une explosion, ce qui n'a pas encore été constaté avec précision, il doit plutôt être produit par la combustion partielle de la poussière de houille. Solubilité. — Au nombre des propriétés chimiques du grisou jugées douteuses, on compte quelquefois la solubilité. On sait cependant, grâce à des déterminations précises, que 100 volumes d'eau à 0° dissolvent 5,UliÇ) volumes de gaz. DÉCRETS,

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