Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 78]

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travail, il y aurait lieu d'examiner si, parmi les questions, évidemment trop nombreuses encore, qui restent sans solution, il n'y en aurait pas quelqu'une sur laquelle elle pût utilement provoquer de nouvelles recherches. la commission nous a fait l'honneur de nous charger de ce rapport. Avant d'entrer en matière, nous devons dire qu'il nous arrivera plus d'une fois de formuler certaines appréciations; nous le ferons avec d'autant moins de scrupule qu'elles n'engagent que notre propre responsabilité, celle de la commission restant entièrement hors de cause. Rapport de M. Raton de la Goupillière. A peine réunie, la commission avait exprimé le désir qu'il lui fût présenté un exposé de tous les faits, concernant les explosions de grisou, que l'on pouvait considérer comme acquis à l'art des mines. Ce travail considérable, rédigé par M. Haton de la Goupillière, auquel MM. Sauvage et Kûss avaient été adjoints temporairement, a été remanié par son auteur qui en a donné une seconde et définitive édition. Dans celle-ci une juste place a été faite aux données nouvelles qu'a mises en lumière l'enquête ouverte par la commission ou qu'ont fait connaître les recherches entreprises sur son initiative. Le rapport de M. Haton de la Goupillière est devenu ainsi un véritable traité didactique du grisou, et la publication qui en a été faite dans les principaux recueils techniques de l'étranger atteste qu'il n'est pas moins apprécié au-delà qu'en deçà de nos frontières. L'exposé de M. Haton de la Goupillière étant pris pour point de départ, la commission décida : i° Qu'un certain nombre de sous-commissions seraient chargées de recherches expérimentales ayant pour but soit de soumettre au contrôle de l'observation divers appareils proposés, soit de compléter les données que la science possédait sur les propriétés chimiques et physiques du grisou ; 2° Qu'une enquête, aussi complète que possible, serait ouverte sur tous les faits qui se rattachaient à l'objet de sa mission. Nous allons exposer ce qui a été fait pour répondre à ces vœux de la commission.

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§ 4". — RECHERCHES EXPÉRIMENTALES. Ces recherches se divisent naturellement en deux parties. Les unes se rapportent à des sujets intéressant directement la pratique de l'art des mines ; les autres se sont surtout proposées d'élucider certaines propriétés du grisou encore imparfaitement connues. En prenant l'initiative de ces études théoriques, la commission pensait que, bien qu'elles fussent sans application immédiate, elles ne seraient pas sans utilité pour hâter et faciliter les progrès que l'avenir tient en réserve. Ce sont les résultats de ces dernières recherches que nous allons d'abord faire connaître.

I. - RECHERCHES THÉORIQUES.

1° PROPRIÉTÉS CHIMIQUES ET PHYSIQUES DU GRISOU.

Composition du gaz. — La commission avait exprimé le vœu que des analyses exactes et nombreuses fussent faites sur le gaz qui se dégage dans les mines de notre contrée. Malheureusement ce vœu ne s'est qu'incomplètement réalisé. M. Fouqué, qui avait bien voulu se charger de ce travail considérable, a été forcé de quitter la commission avant d'avoir pu le mener à terme. Il avait cependant eu le temps d'analyser avec le plus grand soin un grisou recueilli par lui-même dans un puits d'Anzin,et il est très remarquable que, sauf la présence signalée pour la première fois d'une faible quantité d'hydrogène libre et de traces d'ammoniaque, cette analyse s'accorde avec toutes celles, déjà fort nombreuses, que l'on connaît actuellement. On peut affirmer, en effet, que la composition du grisou est suffisamment connue dans ses traits principaux. Quelque part qu'on l'ait analysé, le grisou s'est montré composé presque exclusivement de formène (hydrogène protocarboné) avec les éléments de l'air plus ou moins désoxygéné, et quelques centièmes seulement d'hydrogène ou d'hydrocarbures complexes d'une part, d'acide carbonique de l'autre. Or, les expériences publiées par la commission permettent de