Annales des Mines (1873, série 7, volume 2, partie administrative) [Image 121]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

256

LOIS, DÉCRETS, ARRÊTÉS

SUR LES MINES.

augmenté de 200.000 tonnes (l'extraction était, en 1871, de 5.000.000 tonnes ; elle est, en 1872, de 5.5oo.000 tonnes), pendant que dans le bassin du Nord (Anzin et Maries), les prix montent de i2'-,5o, en 1870, à 16 francs en 1871 et 27 francs en 1872, quand la production y augmente de 1 million détonnes (de Zi.900.000 à 5.900.000 tonnes),—la crise houillère atteint en Angleterre les proportions suivantes : à Svvansea, le charbon domestique, qui valait en 1871 de i3 k 1Z1 francs la tonne, vaut en 1872 de 29 à 3i francs. A Newcastle, la houille valait (la tonne sous vergues) : En En En En En Au Au

juillet 1871 septembre décembre février 1872 mai i5 juillet 3i.

En août

12 fr. i5 c. i3 4° i5 » 17 5o 20 » 22 5o 23 75 ?»

a5

En juillet, la houille anglaise valait à Gênes Z10 francs la tonne. Les demandes d'Italie s'adressent en France, les industriels anglais achètent en France et en Belgique. Les Belges s'adressent à l'Allemagne, la houille du bassin de la Ruhr arrive jusqu'à Charleroi, et cependant la production anglaise s'élève de 107 millions de tonnes, en 1869, à 110 en 1870, à 117 en 1871 et a 120 en 1872. Il est vrai qu'elle en consomme 108, qu'elle n'en exporte que 12 (le dixième de sa production), dont la moitié est destinée au service de ses établissements dans le monde. Sa consommation intérieure augmente de 5 millions de tonnes par an. En Angleterre, l'opinion publique, vivement surexcitée, met la crise houillère au premier rang de ses préoccupations; on met à l'ordre du jour jusqu'à la grande question de la durée et de l'épuisement des mines anglaises (trois ou quatre siècles, suivant Edward Hull, cent dix ans, selon Stanley Jevons). Mais c'est là un grand problème de l'avenir; seule la science est dès aujourd'hui mise en demeure de l'aborder et d'en préparer la solution. Répondant à des préoccupations plus immédiates, le parlement anglais a ordonné une enquête parlementaire sur la crise houillère et les remèdes à y apporter. Elle fonctionne depuis le mois de mars, et ses procès-verbaux, publiés après chaque séance, permettent de suivre la marche de ses travaux. C'est une enquête de même nature que réclament, pour la France,

267

les auteurs de la proposition que votre commission avait à examiner. Les faits de rareté et de hausse du prix de la houille sont incontestables. Ceux qui trouvent l'enquête inutile ou inopportune attribuentlacrise actuelle aux événements de 1870-1871, à l'épuisement de tous les approvisionnements (métaux et autres) et à la nécessité de les reconstituer; ils pensent que 1873 verra l'équilibre se rétablir, 187Û l'abondance et la baisse des prix. On leur a répondu que la crise n'était pas localisée en France, mais européenne, que la hausse à l'étranger avait été plus forte que chez nous. La France, qui consomme actuellement 22 millions de tonnes de houille et n'en extrait de son sol que iA millions, est obligée d'importer 8 millions de tonnes qu'elle demande : A l'Angleterre, 2.300.000 tonnes; A la Belgique, ft.5oo .000 tonnes : A l'Allemagne, 1.200.000 tonnes. En 1860, la consommation française était de ili millions détonnes, sa production de 8 millions et son importation de 6 millions de tonnes. L'exportation française était de 200.000 tonnes en 1860, elle ne dépasse guère 55o.ooo tonnes en 1872. La France ne peut donc échapper à la hausse de prix de lai houille sur le marché extérieur. ' Cette situation tend en outre à s'aggraver. Pendant que l'écart entre la production et la consommation française reste le même ou augmente, la puissance d'exportation de l'Angleterre, de la Belgique et de l'Allemagne paraît diminuer ! Faut-il prévoir le jour où la France, livrée à ses seules ressources, devra régler sa consommation houillère sur la production de ses mines? Sans aller jusque-là, l'accroissement de consommation est certain ; la production du fer (qui, en Angleterre, absorbe 55 p. 100 de la houille extraite) augmente en France. Après avoir remplacé les approvisionnements épuisés de 18701871, notre industrie du fer peut à peine répondre aux demandes de rails de l'Amérique et de la Russie. La fabrication d'une tonne de fer exige de 5 à 6 tonnes de houille. La France a 18.000 kilomètres de chemins de fer en exploitation, chaque kilomètre parcouru par une locomotive coûte de 8 à 10 kilogrammes de houille (2 millions de tonnes). La consommation Industrielle augmente.