Annales des Mines (1867, série 6, volume 6, partie administrative) [Image 11]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

l4

LOIS, DÉCRETS ET ARRÊTÉS

SUR LES MINES.

préjudice dans ses transactions; mais, en définitive, la fabrication n'a pas été interrompue. L'annonce de la cession de la Vénétie à la France a donné tout à coup un grand élan aux affaires, puis quelques hésitations se sont produites ; mais, en somme, la conclusion de la paix, coïncidant heureusement avec l'ouverture prochaine de l'Exposition universelle, a permis à nos principaux centres industriels, tels que la Seine-Inférieure où les stocks s'épuisent, le Nord, le Calvados, l'Eure-et-Loir, l'Orne, les Vosges, le Haut-Rhin, où des établissements nouveaux se sont élevés, de rentrer dans une situation normale et très-active pour le plus grand nombre. Les ouvriers sont généralement recherchés et leurs salaires se sont relevés notablement dans quelques départements, tels que l'Eure-et-Loir, l'Orne, la Meuse et la Loire. Pendant les dix premiers mois de 1866, l'importation du coton en laine, exportation déduite, s'est élevée à 96.475.070 kilogrammes; elle n'avait été pendant la même période de i865 que de 48.978.306 kilogrammes.

produit fabriqué, a été pour le manufacturier une cause de malaise. Un ralentissement passager s'est manifesté par suite dans la filature du Nord; toutefois, grâce aux commandes reçues et aux besoins de la consommation, la vente des tissus est devenue plus facile, notamment dans le Calvados, l'Orne, la Sarthe et le Maineet-Loire. Le tissage du chanvre a été constamment actif dans l'Isère.

Malgré la douceur de la température de l'hiver de i865 à 1866, l'industrie de la laine, pourvue d'un outillage chaque jour plus perfectionné, était généralement active au commencement de l'année. Favorisée à l'extérieur par la reprise des achats de l'Amérique, à l'intérieur par une meilleure appréciation de ses produits, cette industrie a vu se ralentir momentanément ses transactions par suite des événements politiques du dehors. Si, depuis la conclusion de la paix, la situation de l'industrie drapière laisse encore à désirer sur certains points, une amélioration n'en a pas moins été constatée dans l'ensemble de cette industrie. A Elbeuf, d'importants approvisionnements font présager une campagne bien remplie, et à Reims la fabrication a pris un très-grand développement. En somme, l'industrie de la laine a pu, malgré les mesures de précaution prises contre le typhus contagieux, se procurer la matière première à des prix très-modérés; elle a pu même faire opportunément des achats en Saxe, en Hongrie et en Bohême pendant la guerre ; cette industrie a conservé ses avantages dans l'exportation, qui continue d'être environ dix fois plus considérable que l'importation. L'insuffisance de deux récoltes successives a porté le prix du lin à un taux qui, ne trouvant pas sa compensation dans le prix du

.5

L'industrie des soies a été fortement éprouvée en 1866. Ranimée passagèrement par des commandes de l'intérieur et de l'Angleterre, elle n'en a pas moins été atteinte dans sa prospérité. Après une récolte moins mauvaise en quantité que les précédentes, mais laissant beaucoup à désirer sous le rapport de la qualité, les prix sont restés très-élevés, et cette cherté, étant difficilement compensée par une hausse correspondante dans le prix des produits, a été une première source de malaise pour la fabrique. A cette cause sont venus se joindre la guerre en Allemagne et en Italie, le taux élevé de l'escompte, et enfin, malgré les tentatives faites par quelques maisons importantes pour nouer, par l'entremise de commissionnaires, des marchés à livrer en Amérique, un ralentissement dans les relations avec les États-Unis, qui préfèrent, en ce moment, les lainages aux soieries de qualité courante. Toutefois, dans le commencement de novembre, la situation semblait s'améliorer. Quelques commandes venues à propos d'Angleterre et une petite reprise faisant présager le retour de la mode aux façonnés avaient fait renaître l'espoir chez les patrons, aussi bien que chez les ouvriers, qui se montrent d'ailleurs très-satisfaits des dispositions prises pour faciliter la création de sociétés coopératives. D'après les nouvelles du commencement de décembre, cette faible amélioration se maintenait ; le prix de la soie avait un peu baissé, mais l'importance du stock inspirait beaucoup de réserve aux fabricants de Lyon. A Saint-Étienne, la fabrication des velours s'est un peu ranimée. On avait reçu des commandes de rubans façonnés semblant annoncer le retour de la mode vers cet article. L'industrie métallurgique a été généralement fort active, et sa production a pris une notable extension, surtout dans la HauteMarne, la Côte-d'Or et la Meurthe. Un certain nombre des industriels qui s'étaient plaints de l'insuffisance des prix de vente ont transformé leurs établissements en vue de la production de la fonte par le combustible minéral.