Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 109]

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coup entre eux et ont des formes cristallines très voisines; mais, en outre, quand on aborde le groupe des plagioclases qui en forme la plus grande partie, on est amené à y voir, soit, avec Tschermak, des mélanges isomorphes en toutes proportions de deux termes extrêmes, l'albite et l'anorthite, soit, avec Fouqué, une série d'espèces intermédiaires entre l'albite et l'anorthite à composition déterminée. En sorte que, dès le premier pas, on perd ce terrain solide sur lequel on aurait pu compter, en minéralogie, pour aborder un de ces champs de discussion où se donnent carrière, souvent avec des arguments de presque égale valeur, les opinions contradictoires. Pratiquement, on éprouve une difficulté extrême à se procurer des feldspaths suffisamment purs et homogènes pour permettre de déterminer, sur le même échantillon, la composition chimique et les propriétés optiques. Non seulement la même roche peut renfermer plusieurs feldspaths différents, mais, en outre, comme l'a remarqué M. Lacroix, chaque cristal, considéré individuellement, est fréquemment lui-même constitué par des zones de propriétés différentes et souvent fort éloignées, où intei*viennent, en outre, de nombreux produits secondaires. La conclusion de Michel-Lévy était que la loi de Tschermak devait être considérée comme une approximation probable et non comme une vérité mathématique rigoureuse. Cette question des feldspaths a beaucoup occupé, chacun de leur côté, Fouqué et Michel-Lévy. Le premier a résumé ses longs travaux dans un ouvrage paru en 1896. Le second a fait paraître ses études sur la détermination des feldspaths en trois fascicules espacés de 1894 à 1904. Dans ce travail, il a donné, pour la détermination des feldspaths microscopiques, des méthodes rapides et précises qui n'ont guère été modifiées ni perfectionnées depuis par d'autres minéralogistes. Il a étudié d'abord les angles d'extinction en zone dans

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les sections parallèles à l'allongement, ou perpendiculaires au plan d'aplatissement et de macles, et, traçant des courbes d'égale extinction et d'égale biréfringence, il a fourni le moyen de déterminer un plagioclase microlithique sur une section quelconque, quand les macles de l'albite et de Carlsbad y coexistent, ce qui est un cas fréquent. La méthode des éclairements communs, ou positions d'égale intensité lumineuse, lui a fourni un autre procédé pratique, qui vient s'ajouter fructueusement à la recherche des zones principales d'extinction. Par ce moyen, la pétrographie microscopique a pu échapper au reproche qu'on lui faisait au début d'être peu précise. Par là aussi la pétrographie française a trouvé, dans l'étude des feldspaths microlithiques devenus déterminables avec exactitude, une base de classification bien supérieure à celle des savants étrangers qui se contentaient d'employer les macrolithes, éléments plus exceptionnels et, en quelque sorte, produits adventifs d'une pâte où ils ont été apportés déjà solides, pour être englobés dans sa solidification. On pourrait, en outre, rappeler ici de nombreux travaux minéralogiques de Michel-Lévy sur les auréoles polychroïques, sur les variétés de silice dites quartzine et lutécite, sur l'emploi général des gammes de biréfringence maxima, avec comparateur formé d'un quartz en biseau, pour la détermination générale des minéraux dans les roches, etc. 3° Classification et structure des roches. — L'étude des structures de roches éruptives a été, pour Michel-Lévy, un sujet de recherches constant. A diverses reprises, il s est attaqué, par des méthodes diverses, à établir une classification rationnelle, qu'il a d'abord fondée presque exclusivement sur l'examen microscopique pour y ad-