Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 103]

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AUGUSTE MICHEL-LÉVY

AUGUSTE MICHEL-LÉVY 1844-1911 (*). Par L. DE LA UN A Y, Ingénieur en Chef des mines, Membre de l'Institut.

Quand on envisage à distance et avec le recul que donne la mort l'œuvre considérable d'Auguste Michel-Lévy, on y aperçoit d'abord, ce me semble, deux points culminants qui brillent d'une lumière toute particulière : la création de la science pétrograpliique française avec la reconnaissance du vrai rôle des terrains cristallopliylliens et la synthèse des roches ignées. Dans les deux cas, MichelLévy a travaillé souvent en collaboration avec celui qu'il appelait volontiers « mon maître et ami Fouqué », et dont . il ne m'aurait pas pardonné d'oublier le nom au début de cette étude. L'œuvre exécutée en commun doit rester commune, bien qu'il soit peut-être possible de discerner la part qui revient à chacun : Michel-Lévy plus géomètre et plus attiré par les problèmes généraux do la géologie; Fouqué plus chimiste et pli3'sicien.et, comme géologue, s'étant davantage restreint à l'étude des roches volcaniques. C'est sur les découvertes capitales de MichelLévy comme pétrographe que je voudrais surtout insister, et je le ferai bientôt sans m'astreindre à suivre un ordre' chronologique, où les travaux de diverses natures se trouvaient enchevêtrés ; mais il ne sera pas inutile de rappeler d'abord quelques dates, afin de montrer comment et à quelle époque ces découvertes sont venues prendre leur place dans la science française. « Notice lue à l'Académie des Sciences dans la séance du 8 décembre 1913.

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Auguste Michel-Lévy est né le 17 août 1844. En 1864, il sortit le premier de l'École polytechnique et entra à l'Ecole des Mines. Dès son passage dans cette école, pendantses voyages d'élève, il eut l'occasion d'examiner, avec un de ses camarades, Choulette, qui devait être prématurément enlevé à la science, les filons métallifères de la Bohême. Attirés tous deux par ces questions, ils obtinrent, en 1869, une mission officielle pour retourner étudier un sujet connexe, les filons classiques de la Saxe. Deux mémoires relatifs à ce grand problème des minerais filoniens ont paru dans les Annales des Mines de 1869 et 1870. On y constate la très forte empreinte des théories d'Elie de Beaumont sur le Réseau Pentagonal : théories qui, à ce moment, exerçaient, par leur apparence de rigueur géométrique, une attraction presque irrésistible sur tous les jeunes ingénieurs. Jusque dans les dernières années de sa vie, Michel-Lévy continua à subir cette fascination qui l'amena, après de Lapparent et Marcel Bertrand, autres disciples du même maître, à s'enthousiasmer pour un réseau tétraédrique dont je m'abstiendrai de parler, ayant eu le regret, sans doute par ma faute, de me trouver sur ce point en contradiction avec un maître que j'ai eu si souvent, ailleurs, l'occasion d'admirer très vivement. Nous retrouverons également bientôt un écho des leçons d'Elie de Beaumont — et là, au contraire, comme en tant d'autres matières, ces leçons furent singulièrement fécondes —- dans le domaine de la pétrographie stratigraphique, à laquelle s'appliquèrent, plus ou moins directement, presque tous les premiers travaux de Michel-Lévy. En sortant de l'École des Mines (1868), Michel-Lévy fut attaché à Paris, au secrétariat du Conseil général des Mines, puis chargé de la surveillance des carrières de la Seine, et, ultérieurement, du contrôle des appareils à vapeur. Nous n'avons pas ici à examiner, en détail, sa carrière administrative qui devait le conduire, en 1907, au grade