Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 106]

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NOTE AU SUJET DUNE ENQUETE SUR LE NYSTAGMUS

On peut dire du moins que le nombre des cas ayant nécessité un traitement a toujours été très restreint, et dans les cas les plus graves, l'interruption du travail au fond a invariablement amené assez rapidement la guérison. Bassin du Gard. — Il en a été, dans ce bassin, à peu près comme dans celui de la Loire, en ce sens que, dans la plupart des mines, le nystagmus n'avait pas fixé l'attention et qu'il n'a pas été possible de recueillir à son sujet des renseignements bien positifs. Toutefois, aux mines de Bessèges, les médecins auraient constaté une proportion de 3,39 p. 100 d'ouvriers atteints, mais les cas ayant nécessité un traitement, aussi bien dans ces mines que dans les autres exploitations du bassin, ont été fort rares. Bassins de l'Aveyron et du Tarn. — L'enquête faite auprès des médecins aussi bien des caisses de secours d'ouvriers mineurs que des compagnies minières n'a pas donné de résultats précis; mais des renseignements intéressants ont été fournis par M. le docteur Péchdo, de Villefranche, qui a fait une étude spéciale du nystagmus. D'après lui, la maladie n'existerait pour ainsi dire pas à Carmaux, tandis que dans le bassin d'Aubin on observerait des cas nombreux, soit : à Decazeville, 1 p. 100 pour les mineurs travaillant à feu nu et 5 p. 100 pour ceux qui travaillent à la lampe de sûreté ; à Cransac, jusqu'à 30 p. 100; mais il n'a pas été fait de distinction entre les cas bénins et ceux nécessitant un traitement. Bassin ferrifère de Meurthe-et-Moselle. — On n'a constaté jusqu'ici dans les mines de fer de Meurthe-etMoselle que 4 cas, observés exclusivement chez des mineurs venant de bassins houillers. Il résulte donc de l'enquête que la maladie n'existe pas dans le bassin ferrifère.

DANS LES MINES FRANÇAISES

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Causes du nystagmus, — Sans rappeler les idées autrefois émises sur l'origine du nystagmus, considéré tantôt comme une manifestation de l'anémie des mineurs, tantôt comme résultant de la viciation de l'air des mines, ou de l'intoxication par le grisou, tantôt encore comme imputable à dès troubles labyrinthiens provoqués par les détonations des coups de mines, on peut dire que la cause principale du nystagmus des mineurs parait bien être, comme l'a dit M. le Docteur Dransart, un surmenage des muscles élévateurs de l'œil, « une neuro-myopathie, analogue à la crampe des écrivains ». Quant aux facteurs qui provoquent ce surmenage dans le travail au fond, ils sont multiples, et leur importance relative n'a pu être encore exactement déterminée. 11 semble bien qu'au premier chef il faille incriminer, comme cause du nystagmus, la nature même du travail auquel se livre l'ouvrier, en tant qu'elle peut directemént proroquer une fatigue des muscles oculaires; le nystagmus s'observe surtout chez les ouvriers employés à l'abatage, et principalement à l'abatage dans les petites veines, où l'ouvrier doit à la fois avoir la tête inclinée et le regard levé, chez les haveurs et accessoirement chez les raccommodeurs, chez les ouvriers occupés au roulage dans des voies basses, chez les surveillants, en un mot cliez tous ceux dont les muscles élévateurs sont exposés au surmenage. En fait, dans les mines où il n'y a pas de piqueurs ni de haveurs, il n'y a pour ainsi dire pas de nystagmus : dans les mines de fer de Meurthe-et-Moselle, où tout l'abatage se fait aux explosifs, et où l'ouvrier n'a pour ainsi dire pas à travailler en levant le regardée nystagmus est inconnu. Des deux bassins voisins d Aubin et de Carmaux, dont le premier offre des cas assez nombreux de nystagmus, tandis que le second paraît, au contraire, à peu près exempt de cette affection, la différence paraît devoir être imputée à ce que l'abatage se fait