Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 69]

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STATISTIQUE DES ACCIDENTS DE GRISOU

POUR LES ANNÉES 1904 A 1911

poussiéreux, notamment aux abords des cheminées, mais il n'y avait pas de grisou. Une cheminée à charbon étant obstruée, deux ouvriers devaient la déboucher dans la nuit du 18 au 19 novembre. Pour accélérer ce travail, ils ont fait détonner sans bourrage une cartouche d'explosif placée à la base de la cheminée. Il s'est produit une explosion de poussières assez violente, tuant les deux ouvriers et produisant dans la voie de fond des effets dynamiques sérieux : éboulements, planches projetées, murs en maçonnerie renversés, berlines culbutées. Les effets dynamiques ont produit des dégâts jusqu'à 140 mètres de l'origine de l'explosion, et les flammes ont été à 80 mètres.

Accident du 8 octobre 1909 aux mines de Champagnac (Cantal). — Puits des Plattes. — 2 tués. Les travaux étaient classés franchement grisouteux, et ils étaient assez poussiéreux. Aucune précaution spéciale n'était prise contre le danger des poussières. Au niveau 200, on creusait une voie de fond dans la petite couche dont l'épaisseur moyenne est de 4 mètres. Le charbon contenait 28 p. 100 de matières volatiles et 12 à 15 p. 100 de cendres. Cette voie de fond était réunie par des recoupages à une galerie principale de roulage creusée au rocher; le dernier recoupage était à 80 mètres des fronts, et il était barré par un mur en maçonnerie traversé par la colonne de buses de la voie de fond. Il fallait enlever un petit promontoire de miir à l'avancement. Un seul coup de mine aurait suffi, mais les ouvriers y ont creusé 2 trous qui ont été chargés l'un de 3, l'autre de 2 cartouches de grisoutine-roche. Il est probable que ces trous, dont la profondeur était de 0 m ,50 environ, ont été bourrés avec de la poussière de charbon et que la hauteur du bourrage était seulement de 0 m ,15. Dans ces conditions, le travail demandé aux explosifs ne pouvait absorber qu'une faible partie de la quantité de chaleur produite par l'explosion. Les deux ouvriers du chantier ont allumé les coups de mine à l'électricité en se tenant à 27 mètres des fronts. Une explosion de poussières s'est produite sur le tir. Les ouvriers ont cherché à fuir, mais sont tombés, après un parcours de 13 mètres, brûlés et asphyxiés. Les effets dynamiques ont été faibles au voisinage des fronts. A partir du point à 40 mètres, la gaine d'aérage était démolie. Le mur qui barrait le recoupage à 80 mètres était renversé et des pierres étaient lancées à 10 mètres. Au delà du recoupage, dans la voie de fond, plusieurs éboulements se sont produits, des portes ont été

Accident du 23 novembre 1905 aux mines de Cransac (Aveyron). — 1 tué et 3 blessés. Au niveau de 210, on creusait une galerie dans la grande couche du parc. A l'avancement, un peu de charbon qui se trouvait au sol de la galerie empêchait de poser un cadre. Pour l'enlever, on y a creusé au sol un trou de mine de 0 m ,65 de profondeur qui a été chargé de 100 grammes de poudre noire en grains bourrée avec de la terre argileuse. Au moment du tir, 4 ouvriers du chantier se tenaient à une vingtaine de mètres des fronts dans une galerie à angle droit. L'explosion du coup de mine a provoqué une flambée de poussières brûlant ces 4 ouvriers. Un cinquième ouvrier qui était un peu plus loin derrière un chariot, n'a pas été atteint. Une porte a été brisée. Le coup de mine avait faik canon. Le chantier n'était pas grisouteux, mais il était poussiéreux. On a constaté la présence de croûtes de coke. A la suite de cet accident, la poudre noire a été remplacée par des explosifs de sûreté dans les travaux au charbon.