Annales des Mines (1913, série 11, volume 3) [Image 129]

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ÉLECTRIQUE

les deux analyses correspondantes de laitier (409 kilogrammes à la tonne de fonte) donnaient 0,056 S pour des degrés d'acidité 1 ,25 et 1 ,30. La consommation d'électrodes était de 5 kg ,59. Ceci semblait contredire l'idée première de la possibilité de l'obtention au haut fourneau électrique d'une fonte très désulfurée grâce aux hautes températures réalisées dans le creuset. En réalité, cela tenait dans le cas particulier du haut fourneau de Trollhâttan à sa construction même: les températures dans le creuset y varient considérablement d'un point à un autre. Les électrodes sont en effet au nombre de quatre, et si autour des électrodes la température peut atteindre et même dépasser 3.000°, il existe des zones relativement froides au milieu de Ta distance trop considérable qui sépare les arrivées de courant ; la température moyenne du creuset peut alors être beaucoup plus basse que celle du creuset d'un haut fourneau ordinaire au coke ou au charbon de bois, et cela d'autant plus que les quantités refroidissantes de gaz envoyées sont plus considérables. Ce fait se montra très visible lors de la démolition du creuset en fin de la seconde série d'expériences : le loup de plus de 50 tonnes que l'on retira présentait des excavations en face des quatre électrodes, et au contraire donnait l'aspect de masses incomplètement fondues dans les espaces intermédiaires. La fonte très désulfurée produite devant les électrodes pouvait donc se resulfurer ultérieurement et suivant le courant plus ou moins intense donné au four, les zones froides étaient plus ou moins grandes, la température moyenne plus ou moins basse et la fonte plus ou moins chargée de soufre. De là l'explication des irrégularités et des hautes teneurs. — Les faits observés pour le silicium recevraient explication analogue. Pour diminuer cet inconvénient, il fallait donc de toute nécessité restreindre l'étendue des zones froides, ce qli

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revenait à augmenter le nombre des électrodes, ou à diminuer le diamètre et la profondeur du creuset, et réaliser une circulation différente des gaz avec injection de quantités moins considérables, ce qui eut conduit à une forme différente du creuset et du col. Pour ne pas augmenter les frais de l'essai, on ne fit aucune de ces modifications. Mais la preuve delà possibilité d'une désulfuration très poussée au haut fourneau électrique fut donnée par les nouveaux fourneaux d'Hagfors; ceux-ci, qui emploient du courant triphasé avec six électrodes, ont sensiblement le même profil que celui de Trollhâttan et ont permis de constater que la désulfuration s'y obtenait dans des conditions parfaites, au point qu'avec une consommation de calcaire un peu plus considérable pour avoir une scorie plus basique, on pouvait éviter le grillage désulfurant des minerais que l'on a l'habitude de faire pour les fourneaux au bois ordinaires de cette usine. De même dans l'usine d'Hardanger, si les minerais de la charge sont en partie désulfurés par grillage, le coke employé comme moyen de réduction amène des quantités importantes de soufre, et les fontes obtenues sont néanmoins très pures en cet élément.

§ 2. — EMPLOI DE MINERAIS EN POUDRE.

Une question qui était de haute importance pour la sidérurgie suédoise était celle de l'emploi du slig ou poudre de minerai déphosphoré. On sait que de tout temps la Suède a été réputée pour ses produits remarquablement purs en soufre et en phosphore ; on les obtient avec des minerais très pauvres en ce dernier élément, mais un peu sulfureux, d'où la nécessité du grillage préliminaire signalé plus haut. Avec le temps, les minerais à faible teneur en phosphore devinrent plus rares, ou moins riches enfer, par