Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 94]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

5° Influence de la finesse des poussières. — Les coups de poussières sont d'autant plus faciles à engendrer que les poussières sont plus fines. On a vu avec quelle netteté se manifeste l'influence delà finesse. Avec le charbon de Liévin, quand le refus au tamis 200 passe de 1 ,5 à 33 p. 100, la limite inférieure d'inflammabilité est à peu près doublée, la vitesse moyenne de la flamme, avec les dosages favorables, passe de 65 à 50 mètres par seconde et la violence des explosions est atténuée. Si le refus au tamis 200 atteint 75 p. 100, la production des coups de poussières n'est plus possible dans les conditions des essais. Des différences très sensibles ont été également constatées au cours de l'étude des poussières à 24 p. 100 et aussi à 11 p. 100 de matières volatiles. L'influence de la finesse se rattache à deux ordres de faits : le soulèvement est d'autant plus aisé et d'autant plus complet, et par suite les chances d'engendrer un coup de poussières avec une charge donnée d'explosif sont d'autant plus grandes que les poussières sont plus fines. En second lieu, la finesse influe sur la vitesse de propagation de la flamme dans le nuage soulevé ; elle accroît, en effet, la surface offerte au dégagement des matières volatiles ; en outre les particules fines se laissent plus vite pénétrer par la chaleur, atteignent plus vite, dans toute leur masse, la température d'inflammation, et brûlent plus vite en raison du plus grand rapport de la surface au poids ; ces derniers effets paraissent l'emporter sur les facilités de combustion attribuables au plus aisé dégagement des produits volatils : c'est, en effet, dans le cas des poussières grossières que la combustion de ces produits s'est montrée plus particulièrement prépondérante. Nous conclurons que, pourl'expérimentateur, le réglage de la finesse de la poussière essayée est une question importante, et qu'en faisant varier cette finesse, on dis-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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pose d'un moyen commode de produire à volonté des coups de poussières faibles ou violents. Pour la pratique des mines, il faut retenir que- le danger d'un gisement de poussières charbonneuses ne ressort pas tant de leur quantité totale, qui est presque toujours largement suffisante, que de la quantité de poussières fines. Le passage au tamis 200 paraît fournir un assez bon critérium pour l'évaluation comparative du danger des gisements poussiéreux. 6° Influence de la. teneur en matières volatiles. — Les études comparatives sur les poussières à diverses teneurs en matières volatiles sont d'une grande importance pour le classement des mines poussiéreuses. Les essais antérieurs sur nuages préalablement soulevés avaient mis en évidence l'influence de cette teneur; on n'avait pas eu d'inflammation avec les poussières à 11 p. 100 de matières volatiles, cendres déduites ; les poussières à 15 p. 100 s'étaient enflammées, mais avec une très faible vitesse de propagation ; à partir de 27p. 100 la flamme était plus vive ; enfin les plus grandes facilités d'inflammation et les plus grandes vitesses de propagation étaient obtenues avec des charbons à 30 ou 31 p. 100 de matières volatiles ou avec les lignites, à teneur beaucoup plus élevée. Dans la galerie de 65 mètres, on a constaté une progression analogue : le charbon à 11 p. 100 de matières volatiles n'adonné que des allongements de la flamme de l'explosif, ne s 'étendant jusqu'à lrt ou 22 mètres que pour des charges d'explosif supérieures à la charge usuelle : avec le charbon à 15 p. 100, on a eu facilement des inflammations, mais jamais de propagation sur la longueur totale de la galerie ; il en a été de même avec les poussièresàlS p. 100 qui n'ont donné qu'une seule propagation, dans un cas exceptionnel et très éloigné des conditions or-