Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 89]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

essais hors série, exécutés avec des explosifs 'de sûreté, semblent indiquer que l'inflammation dans ces conditions est malaisée ; il semble que la poussière est projetée de tous côtés au loin de la flamme, au lieu d'être amenée par les remous le long du jet issu du canon ou du trou de mine. Nous ne nous étendrons pas d'ailleurs davantage sur ces questions, qui concernent plu tôt l'étude des explosifs que celle des coups de poussières . Une autre question intéressante, qui a été abordée dans nos essais, est celle de l'inflammation des poussières par une explosion de grisou. Il résulte de ces essais que l'explosion de 8 mètres cubes de mélange grisouteux, même amorcée par 100 grammes seulement de poudre noire, produit une vigoureuse chasse d'air avec passage d'une onde comprimée, et donne aisément naissance aux coups de poussières, quand le gisement est favorable; l'addition du grisou à la dynamite produit, à l'orifice de la galerie, des flammes très volumineuses ; les pressions élevées, atteintes dans ce cas par l'explosion de grisou, donnent l'impression, par le bruit delà détente à l'orifice, et éventuellement par les effets dynamiques, d'un coup de poussières beaucoup plus violent ; cependant on n'a pas observé que la vitesse moyenne de propagation de la flamme fût sensiblement plus élevée. On constate même qu'avec les gisements peu favorables à la propagation, la superposition de l'explosion du grisou à celle de la dynamite diminue les chances de propagation; nous avons proposé d'expliquer cet effet paradoxal par l'influence des grandes masses d'acide carbonique et vapeur d'eau projetées dans l'atmosphère poussiéreuse à la suite de la combustion instantanée du grisou. Ainsi, aupointde vue expérimental, le grisou, àl'échelle où nous l'avons essayé, ne semble pas être la plus sûre amorce des coups dépoussières, et il vaut mieux se servir,

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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pour l'étude des coups de poussières et le classement des gisements poussiéreux, de dynamite tirée au mortier sans bourrage, et sans addition de grisou. Il n'en est pas moins vrai qu'en pratique toute explosion de grisou, au moins égale à celles que nous avons réalisées, dégénère nécessairement en coup de poussières, sile gisement poussiéreux est favorable. Nous n'avons guère parlé jusqu'à présent que de la nature de la cause d'inflammation ; sa grandeur est également intéressante à considérer. Les essais ont montré qu'avec un gisement bien favorable à la propagation, à partir d'un certain minimum de charge d'explosif, le coup de poussières est toujours déclenché, et l'on a pu doubler et presque tripler la charge, sans constater de différence bien sensible dans les effets. D'autre part, si le gisement est moins favorable à la propagation, le minimum de charge nécessaire se trouve relevé, ainsi que nous l'avons constaté, notamment à propos des mélanges schisteux ou des poussières à 24 p. 100 de matières volatiles. Ces deux faits s'interprètent aisément. Le renforcement de la charge accroît, d'une part, l'intensité des accélérations et remous qui accompagnent l'onde de la détonation ; il augmente, d'autre part, le volume du nuage poussiéreux formé. Le premier effet ne se fait sentir que dans une zone limitée au voisinage du trou de mine, parce que l'onde de détonation et les phénomènes qui l'accompagnent, progressant avec une vitesse au moins égale à celle du son, ont vite fait de dépasser la flamme et de cesser d'avoir une influence directe sur sa vitesse de propagation; par suite, à' partir d'un certain minimum, le renforcement de la charge n'accroît pas beaucoup la vitesse initiale de propagation ; son principal effet est alors d'étendre la zone du soulèvement immédiatement produit