Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 88]

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ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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EXPÉRIENCES SUt LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

La poudre noire a jarfois été considérée comme l'explosif le plus dangereux ; on expérimentait, en effet, sur des poussières préalablement soulevées ; dans ces conditions, l'explosif n'a phs qu'à produire l'inflammation, ce que fait au mieux la foudre noire, avec sa flamme volumineuse et persistante Mais, si les poussières sont simplement en dépôt sur le sol, comme habituellement dans la mine, comme aussi dans nos essais de liévin, les conclusions sont différentes ; la poudre nore, avec sa déflagration progressive, produit, à poids égal, un moins violent ébranlement d'air que les explosifs détonants, et les poussières sontmoins bien soulevées: dans le tir au mortier de 5o, a. 0 m ,60 au-dessus du su poussiéreux, nous avons eu despropagations franches i partir de la charge de 160 grammes de dynamite-gomme; lans les mêmes conditions, la propagation ne fut qu'exceptionnelle avec la poudre noire,, tirée jusqu'à la charge de 500 grammes. Parmi les explosifs cétonants, il en est, comme nos explosifs de sûreté usuels,qui déterminent un bon soulèvement des poussières, mais réalisent difficilementl'inflamniation : la llamme est trop courte et trop brève ; quand la poussière soulevée parviem au voisinage de l'axe du mortier, les gaz sont refroidis. Pour que les poussières aient le temps d'arriver au comaçt des gaz de la détonation avant leur refroidissement, ilfaut, par exemple, réduire le chemin, à parcourir ; en ramenait de 60 à 30 centimètres la distance de l'axe du mortier à l'aire poussiéreuse, nous avonsfait tomber de plus de 1.000 grammes à 500 grammes la valeur de la plus petite charge de grisoutine couche,, capable d'enflammer les poussières. De tous les explosifs usuels que nous avons essayés, la dynamite est celui qui nous a paru déterminer le plus aisément les coups de poussières, dans les conditions de la galerie d'essais; pai sa brisance, par la température

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«t le volume de sa flamme, la dynamite engendre, en effet des conditions favorables au soulèvement et"à l'inflammation. Un second effet de son pouvoir brisant est de créer dans l'atmosphère de la galerie une agitation extrême qui accroît considérablement la vitesse de propagation de . lailammependant la première phase du coup de poussières ; il est même possible que la pression de l'onde de détonation ait une influence accélératrice. Ces divers effets font de la dynamite l'amorce la plus certaine et la plus commode dont dispose l'expérimentateur pour la réalisation des coups de poussières. Nous ne pensons pas qu'il en faille nécessairement conclure que la dynamite est pratiquement l'explosif le plus dangereux que l'on puisse employer dans une mine poussiéreuse. La probabilité qu'un explosif engendre dans la mine un coup de poussières est, en effet, le produit de trois facteurs. Le premier représente la probabilité d'inflammation dans le cas réputé dangereux, par exemple le cas du débourrage ; le second représente la probabilité de l'éventualité du cas dangereux, par exemple le rapport du nombre de coups débourrants au nombre total de coups tirés ; le troisième est le nombre de coups de mine tirés par tonne de charbon ou par mètre d'avancement, suivant que l'on rapporte à l'une ou à l'autre de ces unités la probabilité du coup de poussières. La grandeur du premier facteur peut être compènsée, dans une plus ou moins large mesure, par la petitesse des deux autres ; c'est précisément le cas de la dynamite, pour laquelle le premier facteur est plus grand, le deuxième et le troisième sont plus petits que pour d'autres explosifs, Nous avons parlé de l'explosif tiré dans un coup démine bien bourré, et travaillant bien, ou tiré avec bourrage insuffisant ou nul, et faisant canon. Pour être complet, il faudrait envisager le cas de l'explosif détonant hors du trou de mine, par exemple au milieu des poussières. Quelques