Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 253]

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NOTICE SUR LÉON MOISSENET

travaux sur le reste de notre territoire, nous arriverions un jour à connaître l'histoire géologique des émanations des divers métaux, comme l'on possède maintenant celle des éruptions du granité et de ses congénères. Alors la recherche et l'exploitation de nos gîtes minéraux marcheront avec certitude. » En "1865, Moissenet entreprenait la rédaction d'une étude destinée à la justification des conclusions formulées dans sa note de 1862 et en rédigeait deux chapitres : « Indications sur la carte employée et sur le procédé suivi pour le tracé des directions. Aperçu sur la constitution géologique du Cornwali ». Obligé d'interrompre son travail par ses occupations professionnelles et par la direction de la mine de Montebras, c'est cependant par l'application et l'usage du réseau qu'il découvre dans cette mine et sans tâtonnements, pour ainsi dire, huit filons de . minerai d'étain. Ces résultats confirmeraient sa manière de voir, s'il en était besoin. En 1873 (au bout de dix-huit ans), il formule dans son Traité des parties riches des filons la quatrième règle, qu'il déclare lui être plus personnelle et dans laquelle il rattache l'orientation des parties riches à la direction du système auquel se rapporte la fracture initiale du sol. Enfin, en 1906, dans les tout derniers jours de sa vie, il exprima parmi ses dernières volontés celle que les chapitres terminés de son étude de 1865 fussent reproduits et remis aux Sociétés savantes dont il avait l'honneur d'être membre, ainsi que la carte sur laquelle il avait tracé les directions, comme ultime justification de ses affirmations, que l'accomplissement de ses devoirs professionnels, puis la maladie, l'avaient empêché de développer et démontrer comme il aurait voulu le faire. Il fut déféré à ce désir; un exemplaire de cette oeuvre posthume fut remis à la bibliothèque de l'École des Mines ; le British Muséum, informé de son impression, demanda

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à en recevoir un; enfin, parmi les réponses des Sociétés à qui les autres exemplaires furent adressés, nous transcrivons celle de M. Berniger, président de la Camborne Mining School : « L'œuvre de M. Moissenet sur les filons du Cornwali lui vaudra notre souvenir toujours reconnaissant. Nous conserverons la photographie de sa carte dans notre École, où elle restera le témoignage de ses services distingués. » Si les progrès de la science ont ébranlé aujourd'hui les théories d'Élie de Beaumont, on ne saurait faire un reproche à Moissenet d'être resté fidèle jusqu'à son heure dernière à un système dont il croyait pendant vingt ans avoir vérifié à chaque occasion l'exactitude, ni passer sous silence la continuité de ses efforts pour faire triompher les idées que, toute sa vie, il crut être l'expression de la vérité. Une œuvre de moins longue haleine, mais à laquelle il se donna avec toute l'ardeur de son patriotisme, fut celle à laquelle il prit part pendant le siège de Paris. Rentré à Paris dès qu'il connut la déclaration de guerre et bien qu'il fût alors en congé, il fut, le 13 août 1870, nommé membre delà Commission d'étude des moyens de défense. Cette Commission comprenait entre autres, sous la présidence de M. l'Inspecteur général Léonce Reynaud, MM. Allard et Hervé-Mangon, Ingénieurs en chef; MM. Durand-Claye et Lucas, Ingénieurs des Ponts et Chaussées. Elle se réunissait à l'École des Ponts et Chaussées. Elle choisit Moissenet pour secrétaire, et il exerça ces fonctions jusqu'au moment où, sur sa demande, il en fut relevé le 10 septembre, pour lui permettre de se consacrer à la protection de sa chère École des Mines (*). (*) Il continua néanmoins à assister aux séances de cette Commission qui, à la date du 25 août 1871, reçut les félicitations officielles du Ministre pour les services rendus par elle.