Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 249]

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confiance par ses conseils et ne perdant aucune occasion de leur inspirer de l'intérêt, non seulement pour leurs travaux de chimie, mais encore pour tout ce qui touchait la science de l'Ingénieur. En un mot, et pour employer des expressions extraites textuellement de leurs correspondances, « il commençait par allumer en eux le feu sacré », puis « il leur apportait une direction ferme et intelligente ainsi que les conseils paternels dont on a tant besoin au début de la carrière ». A leur sortie de l'Ecole, il ne les perdait point de vue : ses fonctions de secrétaire de la Commission des Annales et de directeur du Bureau d'Essais mettaient sous ses yeux ou entre ses mains les mémoires qu'ils publiaient et les échantillons qu'ils faisaient analyser. Aussi venaient-ils fréquemment le visiter à son laboratoire ; et ils ne le quittaient point sans avoir obtenu de lui les conseils qu'ils en attendaient. Nombre d'entre eux le consultaient même par écrit, connaissant l'intérêt qu'il portait à leurs travaux ; il se faisait un devoir de leur répondre ponctuellement. . - • Bien plus, il s'efforçait de les aider à obtenir des situations à leur convenance, appropriées à leurs facultés ; c'est ainsi, notamment, qu'il obtint que M. Henry, « récemment nommé au sous-arrondissement de Vesoul, et dont Moissenet avait apprécié, durant son séjour à l'Ecole, les aptitudes pour la chimie analytique, lui fût adjoint temporairement dans la conduite des travaux chimiques des élèves et dans la surveillance des laboratoires et du Bureau d'Essais (*). » Au surplus, il existe un témoignage officiel et spontané de l'attitude qu'il avait envers ses élèves : c'est la lettre d'envoi du brevet de chevalier de l'ordre de la « Cou(*) Notice nécrologique sur Adolphe Henry, par M. Zeiller (Annales, 9" série, t. IV, p. 306).

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ronne d'Italie », qui lui fut décerné le 21 mars 1870 : « le Gouvernement du roi d'Italie », y est-il dit, « informé des mérites scientifiques de M. Moissenet et de la sollicitude constante trouvée en lui par les élèves italiens qui fréquentent l'Ecole des Mines, a cru de son devoir de lui donner une marque de particulière considération en lui conférant cette distinction honorifique,. » Les conseils donnés par Moissenet à ses anciens élèves avaient d'autant plus de raison d'être appréciés que ce n'étaient pas seulement ceux d'un théoricien : c'étaient ceux d'un Ingénieur pratiquant. Profitant en effet des vacances annuelles de l'Ecole, il avait pu, après avoir reconnu à Montebras (Creuse), sur d'anciens travaux, à la fois la présence du minerai d'étain et les « directions des principaux filons d'étain du centre Cornwali », et avoir dès lors conclu à l'existence d'un gite, accepter les fonctions d'ingénieur conseil de la Compagnie qui se forma pour l'exploitation de ce gite. En fait, il dirigea entièrement les études, les recherches et les travaux de la mine de 1864 à 1871. Au commencement de 1870, les travaux comprenaient notamment plusieurs puits dont un de 105 mètres de profondeur ; deux galeries d'écoulement ; trois niveaux de galeries suivant huit filons nettement caractérisés, dont quelques-uns avaient 2 mètres et plus de puissance et renfermaient sur certains points d'énormes blocs de minerai massif ; plusieurs descenderies entamées et abatages préparés ; enfin un atelier de préparation mécanique avec les appareils en usage dans le Corn-wall (concasseur, trommels, Lisburne Buddle, etc.). L'exploitation fut suspendue peu après la guerre de 1870, faute de ressources, au moment où il ne fallait plus qu'un effort pour mettre la mine en état de produire normalement, et Moissenet résigna ses fonctions avec un mtime et profond regret de laisser inachevée une entreTome XV, 1909.

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