Annales des Mines (1909, série 10, volume 15) [Image 101]

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LES POUSSIÈRES DE

HOUILLE

Quant aux dépenses entraînées par les travaux de réfection, elles sont bien supérieures à celles qui concernent l'arrosage proprement dit : leur intervention les quadruple, dans la dernière des évaluations ci-dessus. De même, à .Glamorgan, elles font monter le coût de 18 à 50 centimes par tonne. A Merthyr, où la canalisation est de 14 kilomètres et demi, les évaluations ne sont guère différentes. A Ferndale, le surcroît de dépense seul représente 50 centimes. Il n'est pas douteux que l'obligation d'arroser en totalité rende inexploitables certains gisements houillers. En outre, la sécurité risque de se trouver compromise, par suite des accidents pouvant résulter de la chute des pierres ou des blocs de houille. Les boisages, d'autre part, pourrissent vite, lorsqu'ils sont exposés à des degrés très variables d'humidité. Les pièces de métal se rouillent. Les rails, enfin, deviennent glissants. D'autres inconvénients encore résultent de l'arrosage : s'il est réel que l'évaporation de l'eau engendre une certaine fraîcheur, il n'est pas moins exact que, dans les mines profondes, où la température atteint 30 et 35° dans les tailles, elle n'est supportable que si l'atmosphère est sèche. Dans le cas inverse, elle produit une action oppressive qui diminue considérablement le rendement du mineur. D'après Dubois-Reymond, la température de 40° serait mortelle, dans une atmosphère très humide; dans un air aussi sec que possible, au contraire, l'homme est en état de supporter 50°. La résistance du cheval est moindre : sous l'influence d'une température trop élevée, on le voit tomber, frappé d'apoplexie. C'est dans les tailles surtout que l'influence de l'arrosage est particulièrement marquée, car la température est plus élevée et l'aérage plus faible que dans les galeries principales. Il n'est pas impossible que la propagation de l'ankylostomiase s'en trouve favorisée.

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POUSSIÈRES

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Afin d'épuiser la question, il convient de signaler les troubles que le séjour habituel dans une atmosphère humide peut apporter dans l'organisme : rhumatismes et affections analogues, ainsi que le désagrément très sensible que présente ce séjour. En raison des dommages causés par l'action de l'eau sur la majorité des roches, on a proposé l'établissement de zones analogues à celles qui ont pour objet de faciliter l'enlèvement de la poussière (voir p. 180). Leur efficacité est loin d'être démontrée. A cet égard, il est intéressant de retenir la déposition faite, devant la Commission royale, par M. D.-A.-W. Robertson, délégué par le Gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) : lors d'une explosion survenue à Kembla, en 1902, et qui fit près de cent victimes, l'humidité des galeries n'en put arrêter l'expansion, quoiqu'elle s'étendît sur 200 et même 300 mètres. La même constatation aurait été faite a Fernie (Colombie britannique). M. W. Armstrong, directeur du charbonnage deWingate, ne considère pas comme efficaces les zones humides mesurant 200 mètres. En tout état de cause, la sécurité reste toujours subordonnée à l'accomplissement de l'arrosage. Qu'une négligence survienne à cet égard, et l'effet utile de la zone se trouvera réduit à néant. L'arrosage peut être continu moyennant l'emploi de dispositifs spéciaux, mais ils présentent l'inconvénient de rendre le passage de la zone très désagréable; en outre, leur fonctionnement peut être interrompu, par suite d'obstruction ou de toute autre cause fortuite. L'arrosage, au lieu d'être pratiqué par l'intermédiaire d'une canalisation, peut s'opérer au moyen de réservoirs montés sur trucks et parcourant des galeries. Nous avons décrit (p. 174) le modèle employé à Blackwell. Parfois, le réservoir porte, une pompe, actionnée à la main ou parle mouvement des roues. Quant à la projection de l'eau, elle