Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 186]

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leur rencontre par les échelles, mais elles étaient tombées k partir de la quatrième. Une nouvelle invasion de gaz délétères les obligea tous les dix k quitter l'accrochage ; ils revinrent k Joséphine dressant et descendirent au pied du treuil dans la voie de fond 326. Ils n'y trouvèrent personne de vivant; les 14 hommes enfermés entre les deux , palissades étaient morts déjà; les survivants n'allèrent pas de ce côté et ils ignorèrent l'existence de boutelots pleins k leur portée. Les 10 survivants, revenus k Joséphine, mangèrent et s'endormirent ou défaillirent, car dans leur tournée ils avaient respiré des gaz toxiques; la voie de fond de Joséphine ne devait d'ailleurs pas être saine encore ; aussi ceux qui se réveillèrent, ou qui revinrent à eux, ne se retrouvèrent plus que 5 vivants : 3 ouvriers mineurs, Nény Henri, Boursier Léon et Wattiez Henri, et 2 galibots, Pruvost Anselme et Martin Victor. Les 5 hommes s'avancèrent vers la bowette 326, mais les fumées empêchaient toujours de passer; ils rappelèrent sur un tuyau; on leur répondit. Ils attendirent longtemps, plusieurs jours, appelant constamment sans rien voir venir. Trois d'entre eux, Wattiez, Boursier et Pruvost, résolurent alors de retourner à 231 ; ils laissèrent, avec le petit Martin, Nény qui s'était blessé à la jambe dans les échelles, et ne pouvait que se traîner, et ils remontèrent à 231 , où ils attendirent sans bouger. Ils devaient y être retrouvés dix ou douze jours plus tard par les 10 autres rescapés. Nény et Martin purent s'avancer petit à petit par la bowette vers Sainte-Barbe ; il n'y avait pas de gros éboulements, mais l'air était peu respirable. Parvenus enfin à la voie de fond de Sainte-Barbe, ils virent que c'était d'elle que venaient les appels et trouvèrent, au pied du beurtia qui monte à Adélaïde, les 8 survivants de cette veine. Ceux-ci, qui avaient été 11 au début, avaient perdu, le deuxième ou le troisième jour, trois camarades tom-

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bés dans la voie de fond d'Adélaïde en essayant par deux fois de gagner la bowette de 280 ; ils n'avaient, d'autre part, pu réussir k s'avancer bien loin par la bowette 326 ; un éboulement serrant les avait arrêtés à 50 mètres au Nord de la voie de fond de Sainte-Barbe. Aussi s'étaientils résolus k se tenir dans le cul-de-sac formé k 326 par Cécile, où se trouvait une source ; ils se nourrissaient avec le cadavre d'un cheval qu'ils avaient tué. Ils entendirent rappeler sur les tuyaux, répondirent, et au bout de plusieurs jours virent arriver Nény et Martin, au lieu des sauveurs qu'ils espéraient. Les 8 survivants d'Adélaïde étaient Pruvost Charles, Castel Louis, Lefèvre Elie, Noiret Romain, Danglos César, Dubois Albert, Couplet Honoré et Vandenhove Léon. Les dix hommes réunis décidèrent, au bout d'un très long repos encore, de remonter à 280. Cette fois, ils arrivèrent à la bowette sans plus rencontrer de mauvais gaz, s'avancèrent vers l'accrochage, mais ils n'osèrent, toujours ii cause du feu de Cécile, passer devant les barrages, et descendirent k 303 par le bure de SainteBarbe. A l'accrochage de 303, ils prirent de l'eau au puits et trouvèrent de l'avoine k l'écurie de Sainte-Barbe. Puis ils se mirent k marcher par Joséphine 303 vers le n° 2. Ils durent passer là 400 mètres d'éboulements considérables, arrivèrent au bure de Sainte-Barbe qu'ils montèrent, et n'avaient plus dès lors devant eux jusqu'au n° 2 qu'une voie petite, mais en bon état; mais, dans l'obscurité où ils étaient, ils ne la trouvèrent pas et se heurtèrent k un cul-de-sac remblayé qu'ils prirent pour un éboulement serrant; ils battirent en retraite et revinrent au n° 3 k 303. A l'accrochage, en s'avançant vers le puits pour prendre de l'eau, ils entendirent appeler; on reconnut la voix de Boursier, un des 3 qui étaient remontés de Joséphine 326 à 231. Les 10 autres allèrent les rejoindre par le bure de Sainte-Barbe (303-280), la bowette