Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 185]

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En résumé, pour le Nord du n° 3, tous les ouvriers de 326 sont morts, les trois quarts sur place; tous les ouvriers de 303 et des quartiers voisins de 280 ont pu essayer de se sauver, et un tiers d'entre eux, soit 31, y ont réussi. 11 n'y a donc eu, comme au n° 2, d'effets foudroyants qu'à un seul niveau, à 326, les étages supérieurs n'ayant eu à souffrir que des suites de l'explosion.

Aux accrochages et dans les parties de bowettes situées à leur voisinage, notamment à 230 devant les barrages du feu de Cécile, tous les hommes sont morts sur le coup, brûlés à 326, assommés à 303 et à 280. Dans les quartiers du Sud du n° 3, les 22 ouvriers de Joséphine plateure Sud-Ouest sont morts à peu près sur place, quelques-uns brûlés ; l'unique ouvrier garde d'écurie de Sainte-Barbe plateure Sud-Ouest est mort également sans bouger, assommé. Dans Cécile plateure Sud-Est, les ouvriers de la voie de fond sont morts sur place, brûlés; ceux des descenderies (22) ont tous pu essayer de se sauver et sont morts asphyxiés, soit en remontant, soit même dans la voie de fond jusqu'à près de 100 mètres de leur chantier. Dans Sainte-Barbe plateure Sud-Est, 40 ouvriers sont morts sur place ; quelques autres ont pu faire de courts parcours. Ils portent des brûlures. C'est dans la descenderie située près du recoupage venant de Gécileque l'on remarque le plus long parcours (30 mètres). C'est également tout près de cette entrée, mais au Nord, que se trouvait le chantier des 5 seuls survivants du quartier. Ils sont restés quelques heures à l'abri dans leur cul-de-sac, jusqu'à ce qu'ils puissent gagner par le châssis de retour l'accrochage de 303, où ils furent retrouvés le 10 au soir. En résumé, dans les plateures du Sud, tous les ouvriers sont morts, sauf 5 de Sainte-Barbe Sud-Est ; les trois

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quarts des morts sont restés sur place; l'autre quart est forme' d'ouvriers des descenderies. de Cécile, qui sont tombés asphyxiés en se sauvant. Dans les dressants situés plus loin au Sud, il n'y a pas eu de morts foudroyantes ; les 66 ouvriers de ces quartiers ont tous pu essayer de se sauver. A Sainte-Barbe Sud-Ouest, les deux hommes qui ont tenté de remonter à 280 par le châssis yont réussi et ont gagné l'accrochage, où ils furent retrouvés le 10 mars au soir ; les 14 autres essayèrent de se sauver par 326 et, devant l'afflux des gaz méphitiques, tombèrent asphyxiés dans la bowette ou un peu avant d'y arriver. A Joséphine Sud-Ouest, un certain nombre d'ouvriers tombèrent également dans la bowette 326. D'autres, au nombre de 14, se réfugièrent à l'extrémité de la voie de fond et s'y défendirent contre l'envahissement des gaz délétères par deux palissades, bourrées avec des vêtements ; les gaz les traversèrent pourtant rapidement et les hommes durent mourir au bout de quelques heures à peine, puisque leurs « boutelofs » ont été retrouvés pleins ou à moitié pleins à côté d'eux. Enfin 10 hommes de ce quartier tentèrent d'abord de fuir par 280 ; 5 d'entre eux devaient ressortir le 30 mars avec 8 des 11 ouvriers d'Adélaïde Sud-Est. Nous allons retracer brièvement l'histoire de ces 13 « rescapés >>. Les 10 hommes de Joséphine qui montèrent à 280 n'essayèrent pas d'aller à l'accrochage de cet étage, en raison de la peur que leur causait l'incendie de Cécile. Ils se dirigèrent vers 231 par le montage tracé dans Joséphine; ils durent s'y arrêter une fois et reculer- devant un nuage de fumées, mais réussirent, à la deuxième tentative, à gagner l'accrochage 231. Il était midi vingt minutes. A ce moment ils entendirent appeler. Ce devait être les survivants rassemblés à 303, qui furent recueillis le soir même. Les 10 ouvriers de Joséphine crurent que c étaient des ouvriers d'abouts et tentèrent de monter à