Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 80]

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COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES

tranche incandescente qui avance lentement et d'où s'échappent des particules rouges ; la vitesse est comprise entre 1 et 2 centimètres par minute ; dans le résidu charbonneux, il reste des particules de nitrate. Dans le bloc de béton, une cartouche de 58 grammes (17 centimètres de hauteur et 25 millimètres de diamètre) de la même matière brûle pendant cinq minutes. On entend un bruissement, et on voit au fond du trou une tranche très rouge; la fumée est ammoniacale. Une seconde cartouche de 60 grammes brûle pendanthuit minutes dans les mêmes conditions. Le même mélange fait avec du charbon de houille s'allume difficilement ; il n'y a pas de tranche rouge, mais une simple émission de fumée blanche qui dure peu de temps. Dans le bloc de béton, on entend un bruissement pendant une à deux minutes, puis tout s'éteint. Une cartouche de 90 grammes, au dosage suivant : Nitrate Charbon de houille Dynamite-gomme

70 20

10

(finement découpée et mélangée avec soin)

est allumée, puis projetée dans le bloc de béton ; la combustion dure dix-sept minutes ; on entend un bruissement avec, de temps en temps, de légers soufflements dus aux particules de dynamite-gomme. On aperçoit au fond du trou une tranche très rouge; la fumée est ammoniacale. On répète l'expérience précédente et on observe les mêmes phénomènes. On fabrique un explosif ayant la composition suivante : Nitrate Nitroglycérine Coton azotique Charbon de houille

88,00 11,86 0,14 20,00

Une cartouche de 12 centimètres de longueur, pesant

RAPPORT SUR L'ÉTUDE DES RATÉS DE DÉTONATION

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60 grammes environ, brûle dans le bloc de béton pendant dix-sept minutes ; au début, la fumée est jaune et légèrement incommodante, puis elle devient blanche et ammoniacale ; on entend un bruit de graisse en ébullition accompagné d'un bourdonnement ; l'inflammation de cette matière s'obtient facilement. On allume la même matière dans le tube de fer avec bouchon en bronze percé d'un canal de 2 millimètres ; on amorce avec 2 grammes de poudre noire. Pendant trois minutes on entend un bouillonnement graisseux mêlé au bruit d'échappement des gaz par le bouchon. Le dégagement devenant de plus en plus vif, on s'éloigne. Au bout de quinze minutes, on revient et l'on constate que tout est terminé ; il reste dans le tube un résidu charbonneux d'où l'on extrait quelques grammes de nitrate seulement. Dans un second essai, la combustion est très vive, mais ne dure que quinze à vingt secondes ; puis la matière détone, et le tube s'ouvre, suivant une génératrice, sans que le bouchon soit projeté. Dans un dernier essai, la combustion dure quatre minutes . En résumé, en surdosant de la grisoutine-couche avec du charbon de houille passé au tamis de 0 mm , 65, on obtient des matières susceptibles de produire des déflagrations fusantes identiques à celles qui ont été observées aux mines de Gagnières. Avec le charbon de bois, qui s'écrase d'ailleurs plus facilement, on obtient les mêmes résultats, mais les matières obtenues brûlent plus rapidement que les précédentes. Il est intéressant de signaler que, dans un essai en tube presque fermé, la combustion s'est transformée, au bout de quinze à vingt secondes, en détonation. On a ainsi réalisé l'expérience que la Commission du Grisou avait vainement tenté de produire avec des matières ne