Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 79]

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COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES

En résumé, on n'a pas pu obtenir de déflagration fusante avec de la grisoutine-couche pure ou surdosée en nitroglycérine. b) Action de la paraffine. — Afin de se rendre compte de

l'influence de la paraffine dés enveloppes sur la combustion des explosifs au nitrate d'ammoniaque, on a fait les essais suivants. On fait un mélange de 80 parties de nitrate d'ammoniaque et 20 parties de paraffine; on n'arrive pas à l'enflammer avec la bougie, ni en gouttière métallique de 18 millimètres de diamètre, ni en tas. Dans un mélange de 70 parties de nitrate d'ammoniaque et de 20 parties de paraffine, on incorpore avec soin 10 parties de dynamite-gomme finement découpée. Avec cette matière, on fait une cartouche de 28 millimètres de diamètre qu'on dispose au bord du trou ménagé dans le bloc de béton. L'inflammation se fait difficilement, la flamme est fuligineuse et la combustion s'arrête dès que la cartouche est projetée dans le trou. On voit nettement que la combustion de la paraffine se fait aux dépens de l'air et nullement aux dépens du nitrate. Enfin, on surdose 100 grammes de grisoutine-couche à 88 p. 100 de nitrate avec 20 grammes de paraffine finement découpée. La matière s'allume difficilement et s'éteint dès que la cartouche est projetée dans le trou du bloc de béton. En résumé, on n'a pas pu obtenir de déflagration fusante avec de la grisoutine-couche additionnée de paraffine. c) Action du papier. — On surdose 100 grammes de grisoutine-couche à 88 p. 100 de nitrate avec 10 grammes de papier découpé en grains de 3 millimètres de côté, et on en fait un mélange aussi homogène que possible. On

RAPPORT SUR L'ÉTUDE DES RATES DE DÉTONATION

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allume un petit tas de cette matière au bec Bunsen; les particules du papier brûlent aux dépens de l'air. On allume au Bunsen une cartouche de 28 millimètres de diamètre et on la projette au fond du trou du bloc de béton. La combustion s'arrête au bout de quarante-cinq secondes. Il semble que le papier peut brûler aux dépens du nitrate d'ammoniaque. Dans un autre essai, l'extinction de la cartouche suit immédiatement sa projection au fond du trou. En résumé, il semble qu'une cartouche de grisoutinecouche contenant des particules de papier bien mélangées peut brûler un certain temps. Mais il faut remarquer que les conditions dans lesquelles on a obtenu cette légère combustion sont très différentes de celles de la pratique ; d'ailleurs, le papier des cartouches de grisoutine est paraffiné, et la paraffine, comme on l'a vu précédemment, ne paraît pas pouvoir brûler lentement aux dépens du nitrate. d) Action du charbon. — Les déflagrations fusantes relatées au dossier ont eu lieu en couche ; il y a donc lieu de rechercher l'influence du charbon sur la combustion des grisoutines.

Ces essais ont été exécutés avec du charbon de bois ou du charbon de houille écrasés au mortier et tamisés à la perce deO mm ,65. Il faut remarquer que le charbon de bois étant plus tendre que le charbon de Meurchin utilisé, le poussier du premier était beaucoup plus fin que celui du second. On a fait d'abord quelques essais avec du charbon de bois. Un mélange de 20 parties de charbon de bois et de 80 parties de nitrate s'allume facilement en tas avec la bougie filée ; des particules de charbon rougi s'échappent du tas; la combustion est lente. Dans une gouttière métallique de 18 millimètres de diamètre, l'allumage est très facile et la combustion très régulière ; on observe une