Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 66]

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128 DANGERS PRÉSENTÉS PAR LES LAMPES DE SÛRETÉ

sur une feuille de papier, et les parcelles ainsi détachées, projetées sur une plaque de tôle chaude, ont donné un nombre considérable d'étincelles (trente environ) dues aux particules d'explosif, bien que tous les rallumages antérieurs eussent été faits la lampe droite, c'est-à-dire dans la position se prêtant le moins bien au déversement de particules non brûlées d'explosif dans la cuirasse. Ces conditions correspondent bien à celles de la pratique : M. Leprince-Ringuet a signalé en effet dans sa communication précitée que les cuirasses de 4 lampes usagées, envoyées en réparation à la société d'Arras, ont donné, en les secouant, des poussières qui, chauffées en capsule de porcelaine, ont donné chacune de 30 à 40 étincelles, et même plus, ayant permis d'allumer plusieurs fois un bec Bunsen. La conclusion de cette première série d'essais est bien nette ; il est hors de doute que, lorsque des lampes munies de rallumeurs à amorces fulminantes sont plongées allumées ou sont rallumées dans une atmosphère explosive, une inflammation au dehors peut se produire du fait des parcelles d'explosif ayant traversé non brûlées les tamis, ou bien collées sur les parois de la cuirasse et détachées ultérieurement par un choc; de plus, la probabilité pour que ce phénomène se produise au cours de recherches de grisou dans les cloches est considérable, si la cloche est remplie de mélange explosif, toutes les conditions favorables à sa réalisation : surchauffage préalable du tamis, immobilité du mélange explosif, chocs de la cuirasse contre les parois de la cloche, se trouvant réunies au même instant. Le nombre considérable de particules d'explosif non bridées recueillies dans les cuirasses, dans quelques-uns de nos essais, même après le fonctionnement d'un seul rouleau, montre d'ailleurs que le lavage des cuirasses et des tamis ainsi que le nettoyage des boites des rallumeurs

MUNIES DE RALLUMEURS A AMORCES FULMINANTES

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ne sont pas une garantie suffisante contre le danger permanent que présentent ces particules, même dans une lampe préalablement nettoyée à fond, du moment qu'on a fait fonctionner le rallumeur une seule fois. Or, d'après les renseignements que nous avons recueillis dans quelques mines, les ouvriers consomment en moyenne une vingtaine d'amorces par poste ; dans les lampes de conducteurs de trains qui traversent fréquemment des portes d'aérage, où les courants d'air sont particulièrement vifs, les rouleaux ne durent souvent qu'un poste. Si parfaits qu'ils soient, des nettoyages périodiques, même journaliers, n'offriraient ainsi qu'un accroissement de sécurité illusoire, et le seul remède efficace est la suppression des rallumeurs à amorces fulminantes, tant que l'on n'aura pas réalisé un mode de fabrication de ces amorces évitant d'une façon complète les projections de parcelles d'explosif.

II. - ESSAIS DE RALLUMAGE DANS LES MÉLANGES EXPLOSIFS AU REPOS AVEC LES AMORCES FULMINANTES.

On a vu que le mode de friction, lent ou brusque, des amorces, leur état hygrométrique et la température du réservoir de la lampe influent énormément sur la longueur de la flamme donnée par l'allumage des amorces et sur les projections de particules incandescentes. Nous nous sommes demandé si les essais antérieurs de rallumage en vue d'obtenir « l'effet Marsaut » avaient été faits dans les conditions réellement les plus dangereuses et pouvant se rencontrer constamment réunies en pratique : lampes très chaudes, par suite amorces très sèches et surchauffées, et friction brusque, et si les résultats favorables obtenus par plusieurs expérimentateurs avec la lampe munie du double tamis et de la cuirasse n'étaient