Annales des Mines (1907, série 10, volume 11) [Image 127]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

sance approfondie de la mine dans son ensemble comme dans ses moindres détails; l'art d'approprier, dans ses projets, les solutions aux circonstances; en toutes choses un rare bon sens et un jugement droit, une finesse et une souplesse d'esprit lui permettant, comme en se jouant, de résoudre les difficultés ou de les tourner ; une habileté pour trouver et retenir les meilleurs collaborateurs et les utiliser, leur demandant beaucoup parce qu'il se ménageait peu lui-même. Tant de services rendus dans le passé permettaient d'en escompter bien d'autres pour l'avenir dans la pleine vigueur physique et intellectuelle dont il jouissait. Et tout s'est effondré! Et il disparait, nous laissant cette tristesse particulière que l'on éprouve à la perte de ceux que l'on sait, bien que leur tâche ait été considérable, n'avoir pas rempli encore tout leur destin. Qui oserait dire qu'il ne vaut pas mieux mourir ainsi que de se survivre, si peu que ce soit? Certes, pour courte qu'ait été sa dernière maladie, elle aurait assez duré pour laisser à notre ami l'affreux regret de tout quitter, s'il n'avait pas été de ceux qui ont toujours cru du plus profond de leur âme aux éternelles et consolatrices espérances, ayant précieusement conservé la foi chrétienne de ses antiques aïeux. Pour nous qui — pour combien de jours ? nous l'ignorons — avons encore à lutter et à travailler ici-bas, gardons fidèlement le souvenir de notre camarade comme de l'un de ceux qui nous ont le plus instruits et le plus honorés par leur travail, leur succès et leur caractère. Puissent ces pensées être un allégement — s'il en est de possible en ce moment — à la douleur de toute cette famille dont il était fier à juste titre, comme elle pouvait être fière de lui, à la vie de laquelle — c'était sa seule distraction — il trouvait encore le temps de se mêler intimement malgré le labeur quotidien qui l'écrasait. Qu'elle

DE M. DE CASTELNAU

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me permette de l'assurer que tous ceux qui l'ont aimé — et il suffisait pour cela de l'avoir fréquenté, — que tous ceux qui l'ont apprécié — et il suffisait pour cela de l'avoir rencontré, — que tous sont de cœur avec elle comme ils le sont avec moi, quandje viens tristement dire à notre ami un adieu définitif sur cette terre, à l'heure où ce grand et fécond travailleur a peut-être pris son premier repos avr ec son dernier sommeil.

DISCOURS DE M. B. DEFLASSIEUX Ingénieur civil des Mines, Vice-Président de la Société amicale des anciens élèves de l'École des Mines de Saint-Étienne,

AU NOM DE CETTE SOCIÉTÉ.

Messieurs, Une voix affectueuse et amie — celle de la Société amicale des Anciens Élèves de l'École des Mines de SaintÉtienne — a le devoir de se faire entendre aujourd'hui, malgré sa profonde douleur, pour dire un dernier adieu à M. de Castelnau et déposer sur le cercueil de l'Ingénieur en chef des Mines, de l'ancien Directeur de l'École nationale des Mines de Saint-Étienne qu'elle a tant admiré et aimé, l'expression de ses regrets attristés et de sa plus vive reconnaissance. Le Conseil d'administration de notre Société amicale ne peut oublier, en effet, les services éminents que M. Clément de Castelnau a rendus aux mines du bassin de la Loire, pendant les dix années qu'il a passées au milieu de nous, et aux camarades qui se sont adressés à lui. Comme Ingénieur en Chef des Mines, sa direction éclairée et sûre fut appréciée de tous. Il connut les angoisses et les tristesses de plusieurs catastrophes dues au