Annales des Mines (1905, série 10, volume 7) [Image 188]

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BULLETIN

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On se bornera à rappeler que l'ankylostomiase est une maladie due à un ver qui se fixe dans l'intestin (*). La femelle y pond en quantité considérable des œufs qui ne peuvent évoluer dans les entrailles, à raison de la température trop élevée et du manque d'oxygène, comme le rappelle le D 1' Oliver, mais qui sont évacués avec les selles. Les œufs ainsi rejetés peuvent se transformer en larves dans des circonstances favorables ; c'est à la suite de l'absorption de ces larves qu'elles se transforment en vers dans l'intestin pour reprendre et continuer le même cycle. A cette indication primordiale on ajoutera, pour ce qui concerne la situation des choses en Angleterre, qu'il résulte de 1a discussion de Newcastle que l'ankylostomiase continue à être inconnue dans les houillères anglaises, encore qu'on y ait signalé quelques porteurs de vers. Elle existerait au contraire dans quelques mines métalliques de Cornouailles, notamment à Dolcoath. Ceci rappelé, on en arrive aux communications faites à l'Institut des « Mining and Mechanical Engineers ». Au début du compte rendu de son voyage en Westphalie, M. le D r Th. Oliver a tout d'abord déclaré que, s'il y a un doute très sérieux sur l'origine de la maladie dans ce district, il n'y en a aucun sur son développement, à la suite de l'arrosage des poussières ordonné par l'administration. Au seul point de \ue de l'ankylostomiase, ces arrosages sont d'autant plus fâcheux que M. le D r Oliver a insisté ailleurs sur les excellentes propriétés antiseptiques de la poussière de charbon sèche. Étudiant la maladie en elle-même, il a fait connaître que, lorsqu'elle frappe une mine pour la première fois, les hommes sont généralement atteints d'une façon grave. Avec le temps ils deviennent plus résistants, ou le ver devient moins virulent. Des autopsies montrent beaucoup d'ankylostomes dans les intestins, sans que de graves symptômes aient été remarqués durant la vie. M. le D r Oliver a précisé les trois circonstances qui favorisent la transformation des œufs en larves : 1° Une température entre 20° et ;)7° ; 2° Un certain degré d'humidité ; 3° La présence de l'oxygène. Au sujet de ce dernier point, il a cité des expériences de (*) Son habitat normal serait la partie antérieure de l'intestin grêle, d'après le D' Oliver.

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M. le D r Tenholt, de Bochum, le chef du service médical de l'Union des Mineurs de Westphalie, d'où il résulte que la présence de l'acide carbonique, en quantité appréciable, dans des galeries abandonnées, arrête l'évolution des œufs, laquelle reprend immédiatement avec la reprise de l'aérage. A mesure que la lempérature baisse au-dessous de 20°, l'évolution des œufs se ralentit de plus en plus ; mais, pour tuer sûrement l'œuf, il faut descendre jusqu'à une température de i° 1 /2. M. le D 1 ' Oliver a insisté sur les observations du D r Looss, du Caire, desquelles il résulte que l'infection, que l'on croyait jadis ne pouvoir se faire que par l'ingurgitation des larves, peut avoir lieu par absorption par la peau. Des vers seraient apparus dans l'intestin deux jours après que les larves auraient été appliquées sur la peau. M. Oliver a recommandé, lorsqu'on recourt à des tinettes à l'intérieur de la mine, de badigeonner fortement le sol tout à l'entour avec de la chaux. Les hommes auraient une tendance à se soulager autour de la tinette plus que dans son intérieur. La chaux permet de désinfecter leurs chaussures. En terminant sa réplique aux divers orateurs et faisant allusion à certaines mines métalliques, M. le D r Oliver a présenté une observation générale, fort intéressante en elle-même à de multiples égards, et qui prend une singulière importance en venant d'une autorité comme la sienne. Nous la reproduisons textuellement. « Tout le monde sait que l'extraction de la houille est une occupation extrêmement salubre ; on ne peut pas dire la même chose des mines métalliques ; un grand nombre de leurs ouvriers meurentde la tuberculose, maladiequiest pratiquement inconnue chez les bouilleurs. » De la discussion qui a suivi la communication de M. Oliver nous relevons les particularités suivantes, signalées par quatre de ses collègues. M. le D 1' Arthur E. Boycott (du Gordon laboratory, Guy's hospilal, Londres), après avoir rappelé qu'à la mine Erin, de Westphalie, on a vu des larves vivre huit mois, a annoncé qu'il en avait encore en excellent état dans son laboratoire au bout de onze mois, après avoir simplement maintenu l'humidité de la boue originaire avec de l'eau de la Tamise. 11 rappelait d'ailleurs que les larves sont indifférentes à la température comme à la proportion d'oxygène ; elles supportent des températures de 10 à 32° et vivent vingt jours dans l'hydrogène.