Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 8]

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NOTICE SUR M. E. LAMÉ FLEURY

ordinaire du Mans, le 24 mars 1848, il le changea contre celui d'Angers en novembre de la même année et, le 29 octobre 1849, il était appelé à Paris au Service des Appareils à vapeur du département de la Seine. Trois mois après, en vertu d'une décision bien rare, sinon même unique dans les traditions de notre Corps, il fut déplacé d'office, en janvier 1850, pour le Service ordinaire de Saint-Étienne. Ses fonctions à Paris furent attribuées à Delaunay, de quelque neuf ans plus ancien que lui, pour lequel l'Administration avait besoin de trouver une place. La mesure prise contre Lamé Fleury était trop anormale, sinon trop injuste, pour que l'Administration ne s'efforçât pas de la réparer le plus promptement possible, et, avant la fin de 1850, le jeune ingénieur était rappelé pour le Service du sous-arrondissement minéralogique de Versailles. Il n'allait plus quitter Paris, où il devait successivement occuper divers postes au Service du Contrôle des Chemins de fer de l'Est (1852), puis à celui des Carrières de la Seine (1860), en même temps qu'il abordait et inaugurait l'enseignement de la Législation à l'École des Mines. Dès son arrivée à Paris, il s'était remis avec ardeur aux travaux préparatoires qui devaient lui permettre de faire son cours avec autorité et lui donner simultanément les éléments des nombreuses publications sur la Législation des mines qu'il devait faire paraître en 1857 et sur lesquelles nous aurons à revenir. L'éclat qui en rejaillit sur lui fut tel que l'Administration crut devoir le décorer à trente-deux ans . Bien que Lamé Fleury ne dût être titularisé comme professeur de Législation à l'École des Mines qu'en 1862 r il y enseignait en fait depuis plusieurs années et à la suite de circonstances telles qu'on peut le considérer comme ayant été le créateur et le fondateur de cet enseignement dans cette École. Antérieurement à la refonte de l'organisation de cet

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établissement, qui eut lieu en 1848 sous l'influence prépondérante et féconde de Dufrénoy, on n'avait pas, en effet, beaucoup songé à doter les futurs ingénieurs des notions de Droit général et de Législation spéciale qui leur sont pourtant nécessaires. On s'en remettait à la tradition pour leur faire acquérir ultérieurement sur place les connaissances indispensables à l'exercice de la profession à cet égard. Il est vrai que, dans la simplicité et l'uniformité relatives des services jusque vers cette date, cette connaissance préalable du Droit était beaucoup moins utile. Elle devait s'imposer de plus en plus avec la complexité de la nouvelle vie industrielle qu'allait créer et développer la transformation des voies de communication. Dès 1847 on avait songé cependant à l'installation d'un enseignement de cette nature à l'École des Mines et, dans la nouvelle organisation, à partir de 1848, on avait prévu un cours de Législation et Économie industrielle. 11 fut confié à Jean Reynaud, l'illustre auteur de Terre et Ciel, peu préparé peut-être au côté pratique de la tâche dont il était chargé, et qu'il transforma en conférences sur la philosophie du droit administratif et sur l'organisation sociale et industrielle de l'époque. Les événements de 1851 interrompirent les leçons de Jean Reynaud et, "après une lacune de un an, il fut remplacé par de Villeneuve. Celui-ci était encore plus mal préparé que son prédécesseur à professer le droit. Il ne s'en occupa guère, bien qu'il soit resté titulaire de la chaire pendant dix ans. Il s'adonnait plus spécialement à l'enseignement de l'agriculture qu'en 1853, dès son arrivée à l'École des Mines, il avait fait adjoindre à son cours. En réalité, pendant toute cette période, les quelques notions de droit et de législation dos mines données aux élèves le furent par Lamé Fleury, dont la notoriété était déjà établie à cet égard et qu'on appelait à l'École pour y professer ces matières sans autre titre que sa compétence reconnue.