Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 7]

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NOTICE SUR M.

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NOTICE

SUR M.

E.

grand géomètre, également membre du Corps des Mines, qui fut l'oncle à la mode de Bretagne de notre Inspecteur général. Le grand-père de celui-ci, Pierre-François, d'une autre branche, celle des Lamé Fleury, né à Nantes, était négociant à Orléans au moment de la Révolution ; il fut arrêté comme « ayant entretenu des intelligences et des correspondances avec les émigrés et les brigands de la Vendée... entretenant des liaisons criminelles avec les prêtres réfractaires. .. cherchant à discréditer les assignats par l'agiotage et l'infâme trafic du numéraire... » et comme coupable de bien d'autres forfaits analogues ; il fut impliqué sous ces accusations dans une des plus lamentables affaires dont se trouva saisi le Tribunal révolutionnaire de Paris, celle des 132 Nantais amenés de Nantes jusqu'à la capitale dans des conditions si épouvantables que 94 seulement arrivèrent à la barre du Tribunal (*). Ils furent tous acquittés le 23 fructidor an II (novembre 1794) par un jugement qui fit grand bruit. Le fils de cet honnête citoyen, et le père de notre futur Directeur des Mines, Jules-Raymond Lamé Fleury, fut, dans la première partie de sa longue vie, un vigoureux officier de gendarmerie ; il servit surtout dans ce Corps d'élite de la gendarmerie parisienne qui reçut divers noms suivant les époques de notre histoire politique. Il prit sa retraite, comme colonel, à la fin de l'année 1857 où son fils devait marquer par tant de publications importantes. C'est en 1829, alors qu'il n'avait encore qu'une trentaine d'années, que Jules-Raymond Lamé Fleury, six ans après la naissance de ce fils, commença la publication des premiers volumes du Cours d'histoire racontée aux enfants et à la jeunesse, dont soixante ans de tirages successifs n'ont pas encore épuisé la vogue. (*) Em.

CAMPAKDON,

p. 209 et suiv.

E.

LAMÉ

FLEURY

LAMÉ FLEURY

Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris, t. Il,

C'est pour notre Inspecteur général, pourrait-on dire, que fut imaginée cette publication si curieuse en elle-même comme par la persistance de son succès. Ceux qui se plaisent aux questions d'atavisme trouveraient peut-être dans cette double carrière du père les raisons génératrices de cette haute conscience et de ce formidable travail littéraire, qui sont parmi les traits les plus caractéristiques de la vie du fils. Il naquit le 27 mai 1823, à Paris, dont il devait être éloigné si peu d'années qu'on peut dire qu'il fut un Parisien de Paris ; un Parisien, il est vrai, de la nature spéciale de ceux qui demandent à la capitale des éléments particuliers pour leur travail et non pour leurs plaisirs. Entré à l'École Polytechnique en 1843, il la quittait en 1845 pour le Service des Mines et, le 3 mars 1848, il sortait de l'École des Mines, déclaré hors de concours sans avoir eu à remplir toutes ses obligations scolaires, en vertu de la curieuse décision prise, à cette date, par Marie, Ministre des Travaux publics, pour remercier les élèves de l'École des Mines, comme ceux de l'École des Ponts et Chaussées, « d'avoir montré, dans les événements mémorables que l'on venait de traverser, tout ce que l'on doit attendre de leur capacité et de leur dévouement à la chose publique ». Il n'est pas vraisemblable que Lamé Fleury ait pris personnellement une part bien active à ces mouvements. Pendant son passage à l'École des Mines, il avait donné de premières indications bien nettes sur sa carrière de publiciste. La Revue des Deux Mondes avait, en effet, publié de lui, en 1847, deux articles substantiels d'économie industrielle, l'un sur l'impression des tissus et l'autre sur les chemins de fer atmosphériques en France et en Angleterre. Les débuts de son existence administrative ne laissèrent pas d'être assez mouvementés. Chargé du Service