Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 180]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

352

RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

toutes les fois que nous avons pu observer le contact des péridotites et des assises sédimentaires sous-jacentes, nous avons vu les péridotites reposer sur une surface plane ou à peu près, recoupant nettement les bancs et leurs différents plissements; cela n'indique en aucune façon une intrusion ou même une tendance à l'intrusion suivant des plans de séparation facile, mais cela manifeste beaucoup plutôt une superposition des serpentines au-dessus d'une surface d'érosion des différentes strates sédimentaires; c'est d'ailleurs, croyons-nous, également comme cela qu'il faut comprendre ce qu'en dit M. Piroutet dans la courte note que nous avons déjà citée, lorsqu'il déclare que l'épanchement des serpentines est postérieur non seulement aux dépôts du crétacé, mais encore au dernier plissement qui a formé la Nouvelle-Calédonie. M. Pelatan(') les considérait déjà comme des épanchements débordant visiblement au-dessus des terrains stratifiés qui, « loin de paraître soulevés par les roches magnésiennes, semblent plutôt plonger sous elles et en être recouverts ».M. Heurteau, qui, rappelons-le, n'avait pas été amené à examiner d'une façon particulièrement détaillée cette formation serpentineuse, dont l'exceptionnelle richesse minérale n'était alors qu'à peine entrevue, avait cru, au contraire, que les formations sédimentaires s'appuyaient sur les serpentines. Quoi qu'il en soit, nous considérons comme établi que les péridotites sont venues se superposer aux terrains sédimentaires, crétacé compris, et recouvrir la surface qu'ils montraient au jour. Faut-il dès lors les considérer, comme paraît le faire M. Pelatan, comme de puissantes coulées éruptives, au même titre que des coulées de lave ou de basalte ? C'est ce que nous ne saurions dire ; ce serait d'abord contraire aux idées généralement admises au {*\ Loc. cit., p. 36 et 37.

FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

353

sujet de la genèse des péridotites ; en outre, nulle part nous n 'avons pu observer les cheminées par lesquelles ces coulées seraient venues au jour ; nulle part non plus nous n 'avons relevé dans leur distribution quelque indication dans ce sens. Nous aurions tout d'abord voulu tirer enseignement de l'étud# des contacts de ces péridotites avec les roches sous-jacentes, et nous y avons cherché les traces des effets calorifiques qu'aurait dû produire, semblet-il, l'épanchement de nappes aussi puissantes de roches en fusion (rappelons que des massifs isolés et qui sont sans nul doute entièrement constitués de péridotite, comme le Kaala, le Taom, les aiguilles de Muéo, etc., s 'élèvent d'un millier de mètres au-dessus de la surface, presque horizontale et régulière, par laquelle ils reposent sur les sédiments sous-jacents) ; mais nous n'avons relevé aucun argument décisif à ce sujet. La présence, au voisinage de la limite des serpentines, de couches anthraciteuses, alors que l'on rencontre ailleurs des couches de charbon du même âge très chargé en matières volatiles, paraîtrait pouvoir être un argument ; mais, d'une part, il ne semble pas qu'il y ait une relation constante entre la proximité des serpentines et la pauvreté du charbon en matières volatiles, et, d'autre part, les assises crétacées qui contiennent le charbon sont traversées d'autres roches éruptives, orthophyres ou mélaphyres, à l'effet desquelles on peut tout aussi bien attribuer la transformation locale du charbon en anthracite, si l'on croit devoir rapporter cette transformation à une action calorifique. D'un autre côté, en examinant les contacts, nous n'avons rien relevé de net comme métamorphisme des schistes sous-jacents, bien que M. Piroutet déclare avoir dûment constaté en quelques endroits l'existence de schistes serpentineux provenant de dépôts sédimentaires métamorphisés; nous avons, au contraire, trouvé à la base de certains massifs de péridotite des lits déroches complètement Tome IV, 1903.

24