Annales des Mines (1903, série 10, volume 4) [Image 179]

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RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

moins la lumière ; la roche devient relativement tendre, sa cassure est inégale et mate, et l'ensemble apparaît à l'œil nu comme complètement amorphe, on n'y distingue généralement plus que les petits cristaux de fer chromé. Le microscope y reconnaît un agrégat confus de petits cristaux d'antigorite parfois groupés en étoilement, avec souvent des zones constituées par des lamelles de talc. L'analyse de tels échantillons se rapproche beaucoup de l'analyse typique de l'antigorite. Un échantillon de serpentine gris clair légèrement veiné de bleu, provenant de la mine Francia près de Népoui, contenait : Eau Silice Magnésie Protoxyde de fer Insoluble (principalement fer chromé). . .

13,45 41,3 38,84 6,06 0,3

D'une façon générale, le simple essai de la perte au feu donne une indication assez nette sur le degré d'altération des roches : tandis que la péridotite pierreuse de Népoui, dont nous avons donné l'analyse ci-dessus, ne contenait pas tout à fait 1/2 p. 100 d'eau, une collection de dix types plus ou moins altérés, depuis des roches assez fraîches jusqu'à des serpentines comme celle ci-dessus citée, nous a donné des teneurs en eau variant de 5 à 17,5 p. 100 et se rapprochant le plus souvent de 10 p. 100. Nous définirons donc les roches qui constituent essentiellement la grande formation serpentineuse de la Nouvelle-Calédonie comme des péridotites grenues très magnésiennes et peu ferrifères, plus ou moins chargées, suivant les cas, de cristaux d'un pyroxène uniquement ferro-magnésien passant de l'enstatite à la bronzite. Ce seraient donc, suivant la classification de M. Rosenbuch, des Harzburgites ; on y rencontre d'ailleurs par places,

FORMATIONS GÉOLOGIQUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

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mais exceptionnellement, des massifs de Dunite (olivine avec fer chromé et sans pyroxène). Ces péridotites présentent le plus souvent les traces d'une altération avancée, qui comporte, d'une part, la transformation plus ou moins complète du péridot en serpentine, et, d'autre part, le développement de lamelles' de talc aux dépens du pyroxène. Parfois la transformation est assez complète pour donner lieu à de véritables serpentines, uniquement constituées d'un agrégat de cristaux d'antigorite avec quelques paillettes de talc. Ces roches contiennent d'ailleurs toujours un peu de manganèse, de nickel, et de cobalt, ces métaux paraissant faire partie intégrante du péridot comme de l'enstatite; les grains de fer chromé sont abondants dans tous les échantillons. Enfin ces roches sont assez souvent traversées par des filons moins basiques: M. Garnier et, après lui M. Heurteau, signalent en différents points, à l'île Ouen, au cap Deverd, etc., des filons d'euphotide (que l'on appellerait aujourd'hui gabbro), c'est-à-dire de roches à feldspath et pyroxène ; nous avons, d'autre part, trouvé des diorites tantôt à grain fin, tantôt à très grands cristaux de hornblende, au milieu de différents massifs serpentineux. Quant au mode de gisement de ces péridotites, nous n'avons pas pu l'établir d'une façon certaine. De telles roches, à pâte infusible, et présentant une cristallisation à grands éléments, sont généralement considérées comme des roches qui auraient cristallisé en profondeur, c'est-àdire qui se seraient épanchées en masses intrusives dans des terrains enfoncés dans la profondeur dusol,ou qui se seraient insinuées entre les différentes assises de ces terrains ; elles n'apparaîtraient ensuite au jour que par l'effet de mouvements orogéniques et d'érosions. Tel ne paraît guère être le cas en Nouvelle-Calédonie. Tout d'abord,