Annales des Mines (1903, série 10, volume 3) [Image 41]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

76

NOTES SUR LA THÉORIE

suppose, en effet, dans les sédiments métamorphisés, des lits de matières organiques, plus ou moins analogues à des schistes bitumineux ou à des schistes houillers, la cristallisation simultanée des éléments argileux et hydrocarbures du schiste a pu donner aisément des alternances de biotite et de graphite ; le feldspath et le quartz étant, dans cette hypothèse, un apport secondaire du métamorphisme, on s'explique comment ils ont pu englober du graphite comme du mica ; enfin l'aspect d'une brèche peut, à la rigueur, être dû à quelque remise en mouvement, opérée, par exemple, sur des hydrocarbures bitumineux avant leur transformation en graphite, à un ensemble analogue à celui que l'on observe dans les carrières d'asphalte, surpris et fixé par le métamorphisme. Quoi qu'il en soit, l'existence du graphite dans les gneiss de Bavière et de Bohême est certainement très ancienne; car toutes les roches intrusives, notamment les gabbros et les porphyrites, traversent les lits de graphite, et la pyrite même, très abondante dans certaines parties des gisements, où on l'a supposée émanée de certaines de ces roches à plagioclase, les recoupe (*). On a attaché quelque importance k la présence de cette pyrite pour prouver l'origine profonde du graphite ; le fait qu'elle lui est postérieure paraît enlever sa valeur k l'argument. J'ai déjà noté, en passant, les relations fréquentes (*) Woklrich a étudié, à Schwarzbach, de petites concrétions rondes; où il avait vu des restes organiques, et qui, d'après Weinschenk, seraient des boules de pyrite altérées, à zones concentriques de graphite N'y a-t-il pas lieu de les rapprocher des concrétions étudiées par M. Veruadski dans les monts d'Ilmenj '? Ou ne faut-il pas, au contraire, rapprocher ce phénomène des nodules graphiteux a phosphate de chaux et à pyrite, que l'on a exploités dans le silurien du pays de Galles (Gîtes métallifères, I, p. 361) et dont M. Levât a retrouvé l'équivalent dans le dévonien des Pyrénées (las Gabesses, etc..) (Ann. des Mi/tes, janv. 1899) ? Cette dernière hypothèse serait évidemment en faveur d'une origine organique.

DES GITES MINÉRAUX

77

du graphite avec des calcaires fétides, c'est-k-dire hydrocarbures : relation, qui existe, non seulement à Passau et Schwarzbach, mais aussi k Swojarow en Bohême, àKunstadt en Moravie, au Canada, en Suède (*), et même, ce qui est plus singulier, au mont Batougol, etc. Ce fait curieux a été invoqué par Dawson, au Canada, en faveur de l'origine organique (ou, du moins, contemporaine des couches encaissantes), bien qu'il ait pu aussi y avoir pénétration postérieure de ces calcaires, ainsi qu'une expérience journalière le montre quand on laisse un objet tant soit peu poreux au voisinage d'un peu de pétrole. Le rapprochement de ces cipolins fétides avec des schistes graphiteux pourrait être analogue k celui des divers terrains (calcaires, silex et schistes) tous chargés de produits bitumineux dans lepertnien du Plateau Central; ce serait là simplement l'indice que les hydrocarbures existaient, pour une cause quelconque, dans le bassin sédimentaire, où se sont déposés calcaires et argiles (soit (*) Si l'on suppose que les leptynites sont d'anciens calcaires, leur relation fréquente avec les graphites rentrerait dans le même ordre de faits. J'ai également signalé autrefois (Gîtes métallifères, 1, 712) une association intéressante de graphite avec des minerais de fer. Il s'agit de la région de Norberg, où des lentilles d'oligiste et de magnétite sontinterealées dans des zones de leptynites, alternant avec des micaschistes, à I Ouest d'un massif de granité. Dans une de ces zones, où apparaissent des cipolins dolomitiques (Rlackberg et llolningsberg), des minerais de fer, associés avec ces cipolins, sont presque exclusivement composés de magnétite avec 10 p. 100 de manganèse et 2 p. 100 de graphite, qui se concentre souvent en veines minces. Un peu plus loin, on trouve, sur la même tramée, à Ilalfvarsbenning, de véritables poches de graphite dans le gneiss. Peut-être cette association de graphite et oligiste doitelle être (au métamorphisme près) rapprochée des Icohleneisenstein, Mackband et carbonates de fer charbonneux du carbonifère, qui, d'autre Part, sont, on le sait, en général, très fortement phosphoreux. La même région suédoise de Norberg présente des filons de quartz chargés de bitume, où l'on serait tenté de voir, dans la théorie inorganique, l'orig'ne des produits carbures, transformés un peu plus loin en graphite. La collection de l'Ecole des Mines possède une belle série de graphites (lobO à 1552) rapportés par de Chancourtois du Groenland (Rifkoh. A menak, Julianshaab, etc.).