Annales des Mines (1902, série 10, volume 1) [Image 140]

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LE GISEMENT DE MINERAI DE FER 00L1THIQUE

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concentriques autour d'un centre d'attraction, grain de sable ou débris organiques. Les oolithes résultent, en effet, d'une sorte de condensation, de concentration du fer dans la masse silico-ferrugineuse (*) » . D'après la théorie récente de M. Stanislas Meunier, le rôle fixateur de l'alumine interviendrait aussi, mais non plus à l'époque même où se déposaient les couches ; ce serait postérieurement, par métasomatose lente, que des formations, primitivement calcaires, se seraient transformées en limonite. La théorie métasomatique, qui est très en honneur en Allemagne, repose sur des observations qui sont sans doute fondées, et qui peuvent donner dans différents cas particuliers la clef de certains phénomènes. Dans le cas spécial des minerais de la Lorraine, elle fournit l'explication de la ferruginisation de fragments de roches primitivement stériles et de restes fossiles d'origine animale ou végétale. Mais il ne nous parait pas possible de la mettre en cause pour expliquerla formation des couches oolithiques elles-mêmes. Etant donné le rôle protecteur que joue, par rapport à la formation ferrugineuse, au point de vue de la pénétration des eaux, la puissante assise des marnes micacées qui la x-ecouvrent, il faudrait admettre, pour justifier la genèse des minerais par métasomatose, que les eaux ferruginisantes sont descendues de la surface par des cassures ou failles interrompant la continuité du banc imperméable. Les failles que nous qualifions de nourricières auraient fourni, en particulier, des voies de pénétrations de ce genre. Le fer qu'elles auraient véhiculé leur aurait été fourni parla destruction des assises de l'oolithe moyenne,

(*) Le Minerai de fer de Meurthe-et-Moselle, par M. Bleicher {Bulletin de la Société industrielle de l'Est, 1894).

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DE LA LORRAINE

l'oxfordien notamment, peut-être aussi le corallien, qui recouvraient autrefois le gisement. Dès le principe, on est arrêté par l'immense quantité de terrain détruit qu'il faudrait admettre pour engendrer l'énorme masse de fer rassemblée aujourd'hui dans l'étage toarcien . Mais une autre objection est plus grave. Si la minéralisation s'était faite per descensum, elle aurait surtout . porté sur les calcaires du bajocien inférieur, puisque les eaux d'infiltration s'y rassemblent fatalement au-dessus des marnes micacées. De fait, les calcaires de l'infrabajocien sont très ocreux, et quelques explorateurs inexpérimentés les ont quelquefois confondus avec des horizons du minerai de fer. En admettant même que la minéralisation ait dû se localiser, pour une raison ou pour une autre, dans le toarcien, comment expliquer que certains horizons superposés soient seuls riches en fer, tandis que d'autres, de nature calcaire cependant, n'aient pas été ferruginisés? que, dans une même couche, on rencontre des bancs calcaires pauvres à côté d'autres constitués presque uniquement d'oolithes riches ? En particulier, il est frappant de trouver, au toit de la couche grise, dans une notable portion du gisement, — dans le bassin de Landres, surtout, — un banc de calcaire blanchâtre grossier, lumachellique très souvent, extrêmement pauvre en fer. m

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Ce banc, qui a fréquemment de 0 ,40 à 0 ,50 d'épaisseur et se trouve régulièrement superposé à la couche grise, montre une accumulation de coquillages qui fait un contraste frappant avec la couche, complètement dépourvue de fossiles. Dans le voisinage des points d'émergence de l'élément ferrugineux, on remarque, en effet, que non seulement les produits ont une couleur et une texture spe-