Annales des Mines (1901, série 9, volume 20) [Image 295]

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NOTE SUR L'EXPLOSION D'UN DÉPÔT DE DYNAMITE

dans le dépôt, ou bien une partie de cette masse a-t-elle seulement fusé? Il paraît impossible de trancher la question, et la preuve que l'on a voulu tirer en faveur de la seconde opinion de la production, au jour, d'une longue flamme, affirmée par certains témoins, no peut, à notre avis, être considérée comme concluante, pour les raisons que nous avons exposées plus haut en relatant ces déclarations. Il faut bien remarquer, d'ailleurs, que, dans cette hypothèse, c'est par un hasard providentiel que les onze survivants de la cage, qui se trouvait près de l'accrochage au moment de l'explosion, auraient échappé à la mort malgré leur séjour prolongé dans les gaz produits par l'explosion, alors surtout que ces gaz eussent contenu de l'oxyde de carbone en assez forte proportion pour s'enflammer encore au jour, après un trajet de 500 mètres, au cours duquel ils avaient dû nécessairement se diluer dans l'air provenant du retour général de la mine et qui les avait refoulés vers le puits. Le salut de ces ouvriers serait, dans ces conditions, d'autant moins explicable que l'on sait à quelles faibles doses l'oxyde de carbone est mortel. Il convient d'ailleurs de rappeler qu'il est extrêmement douteux, au dire même des médecins qui ont déclaré qu'ils étaient morts d'asphyxie, que le décès de Dannel Adolphe et Kœssler Joseph soit attribuable à la respiration des gaz produits par l'explosion. Il parait, dans ces conditions, bien difficile de formuler une opinion précise sur le point particulier qui vient d'être signalé. Le seul fait certain, c'est que, dans les conditions d'aérage où se trouvait la bowette sur laquelle était situé le dépôt et qui était parcourue par un volume d'air de 9 m3 ,700 par seconde, les gaz, quels qu'ils soient, produits par l'explosion, ont été assez rapidement dilués pour que onze ouvriers sur les douze qui se trouvaient dans la cage aient pu y faire un séjour prolongé sans en être sérieusement indisposés et qu'il est très douteux que la mort

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d'aucune des victimes ait été causée par leur absorption. 11 semble donc que l'expérience fournie par la catastrophe d'Aniche soit de nature à fixer, — toutes choses égales d'ailleurs en ce qui concerne la rapidité du déversement des produits gazeux de l'explosion dans la voie de circulation à laquelle un dépôt est relié, rapidité qui a été, en l'espèce, le maximum de ce qu'elle pouvait être, le magasin étant situé directement sur la bowette, — un rapport entre le poids de dynamite que peut contenir ce dépôt et le cube d'air, circulant dans la voie, qu'il est possible de considérer comme suffisant pour que le personnel appelé à parcourir cette voie soit à l'abri du danger d'être Êisphyxié ou empoisonné par les gaz nuisibles produits par l'explosion. Un courant de moins de 10 mètres cubes d'air à la seconde a suffi pour rendre à peu près inoffensifs les gaz produits par la décomposition de près de 250 kilogrammes d'explosifs, et cela, bien qu'une partie de ces 250 kilogrammes ait peut-être déllagré sans détoner, bien, d'autre part, que le déversement des gaz dans le courant d'air ait été à peu près instantané. Toutes les dispositions de nature à diminuer cette rapidité d'écoulement , éloignement du dépôt de la voie principale, établissement de coudes et culs-de-sac sur les galeries de jonction, limitation de la densité de chargement, emploi de dispositifs d'obturation partielle limitant la section de passage offerte aux gaz, auront évidemment pour effet d'abaisser la teneur en produits nuisibles du mélange provenant de la dilution de ces gaz dans le courant d'air et, par suite, de réduire encore, à proportion donnée entre le poids d'explosifs contenu dans le dépôt et le volume d'air passant dans la voie, le (langer couru par les ouvriers qui circulent dans celle-ci.