Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 330]

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COMMISSION

DU GRISOU

par additions successives d'air pur, avec une éprouve Ko de forme ordinaire. Lampe Chesneau. — La lampe de M. Chesneau est une lampe k alcool à un seul tamis, non éclairante et seulement grisoumétri([iie. Au point do vue de la sécurité, elle est combinée de manière à s'éteindre à coup sûr dans les mélanges explosifs au repos avant que son tamis n'ait été sensiblement échauffé. Dans ce but, l'air extérieur, qui entre dans la lampe parle bas k travers une couronne à tamis comme dans les lampes Grey, Fumât, etc., ne peut venir, dans aucun cas, se mélanger aux produits de la combustion, grâce à la disposition spéciale de la cuirasse en fer qui entoure complètement le tamis et ne comporte d'autres orifices que les ouvertures d'échappement des fumées : la fenêtre d'observation des auréoles est obturée par une lame de mica. Dans les mélanges explosifs en vitesse, elle s'est comportée aux essais comme les lampes Marsaut ou Fumât. Au point de vue de la précision des mesures grisoumétriques, il était nécessaire d'accroître fortement la nettet é des auréoles données parles flammes d'alcool dans l'air grisouteux, auréoles qui sont presque invisibles avec l'alcool pur et très confuses avec l'alcool impur. Le but a été atteint en produisant dans la flamme une petite quantité de chlorure cuivreux. Ce corps, volatil à haute température, colore avec une intensité presque égale (ce qui ne donne aucun des autres , corps colorant les flammes) la flamme propre de l'alcool et les auréoles qu'elle donne dans les atmosphères grisouteuses, en sorte que ces auréoles, d'une teinte bleu verdâtre, sont appréciables à partir d'une teneur de 1 millième de grisou e( très nettes au-dessus de 2,5 millièmes. La présence du chloî m e cuivreux dans la flamme était obtenue au début par

NOTE

SUR LES

TRAVAUX DE LA COMMISSION

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l'introduction de chlorure cuivrique acide dans l'alcool (alcool méthvlique marquant 92°, 5 à l'alcoomètre centésimal); mais le réservoir en laiton de la lampe était promptement attaqué, et l'alcool se chargeait en oxyehlorure insoluble, qu'on devait retenir par de l'ouate, et qui finissait par encrasser la mèche. La coloration des auréoles s'obtient actuellement en dissolvant dans l'alcool de l'azotate de cuivre et du bichlorure d'éthylène (liqueur des Hollandais), qui attaquent fort peu le réservoir et produisent le chlorure cuivreux seulement dans la flamme parleur réaction mutuelle à haute température. Bien que les essais faits au laboratoire eussent caractérisé cet appareil comme susceptible d'une grande précision (1 millième près), l'auteur ne l'a décrit dans ses premières publications que sous le nom d'indicateur de grisou, laissant à l'expérience le soin de déterminer le degré de confiance que l'on pouvait accorder k ses indications. Avant de se prononcer sur sa valeur, la Commission du grisou fit mettre k l'essai un assez grand nombre d'exemplaires de la lampe Chesneau dans les principales houillères grisouteuses de France : les résultats très favorables tant au point de vue de la sécurité qu'à celui de la précision de cet appareil, contrôlée par de nombreuses analyses de laboratoire faites avec les appareils Le Chatelier, ont fait l'objet de la note précitée publiée en 1893 dans les Annales des Mines. La Commission du grisou, qui, au cours de ces essais, avait été saisie par le Ministre des Travaux publics de la question de la surveillance des teneurs en grisou des courants d'air dans les mines, put ainsi proposer, dans la séance du 11 février 1893, étant donné l'état des perfectionnements apportés par ces études aux lampes grisoumétriques, l'obligation pour les compagnies houillères de mettre en service courant, dans chaque siège distinct d'exploitation grisouteuse, des lampes indicatrices de