Annales des Mines (1900, série 9, volume 17) [Image 281]

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ÉTUDES

SUR LES BASSINS

HOUILLERS

couches des Ouïes sont au niveau de Grand'Baume, que sont devenus les 800 mètres de terrains qui, à Ricard, les séparaient des grandes couches du fond du sondage ?. Que sont devenues ces couches elles-mêmes? On sait que les variations sont rapides dans le terrain houiller; mais celle-là semble trop forte et trop brusque pour pouvoir être admise. Le sondage de Branoux, entrepris déjà assez bas au mur de Grand'Baume, et arrêté à 326 mètres après avoir traversé 240 mètres de terrains stériles, montre que, vers l'ouest, cet étage inférieur de la Grand' Combe se conserve avec les mêmes caractères et une épaisseur semblable; sa disparition au sud, sans qu'on se rapproche des bords du bassin, n'en serait que plus surprenante. D'ailleurs, c'est un fait à remarquer que la même flore a été rencontrée sur toute la hauteur du sondage ; dans les 250 mètres inférieurs aux couches de charbon, YAlethopteris aquilina disparaît ; mais on continue à trouver les mêmes Pecopteris et les mêmes Odontopteris ; c'est même là qu'on cite les Pecopteris hemitelioides et les Nevropteris Loshii, qui sont des espèces de l'étage supérieur. Dans le filet immédiatement supérieur aux micaschistes, on a rencontré encore, avec des Cordaïtes et des Sigillaires, Pecopteris cyathea et P. hemitelioides ; cette circonstance écarte l'hypothèse d'une faille de quelque importance, supprimant une partie des couches, et traversée sans qu'on l'ait aperçue. C'est bien la flore de la Grand'Combe qui repose là sans faille sur les micaschistes. Une seule explication me. semble possible, et elle est d'ailleurs imposée par l'uniformité de la flore sur toute la hauteur du sondage : la flore de la Grand'Combe ne caractérise pas seulement l'étage de ce nom, mais aussi tout le système qui lui est inférieur, y compris les couches de base. Les couches des Ouïes seraient celles du sondage Ricard,

BASSIN

HOUILLER DU GARD

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ce qui d'ailleurs est bien d'accord avec les Cordaïtes, avec les Odontopteris reichiana ot Pecopteris arborescens rencontrés dans les carottes du fond du sondage Ricard ; quand la flore du système sera mieux connue, on pourra peut-être trouver des différences ; mais, dans l'état des données actuelles, cette flore ne se rapproche même pas autant de la flore de Bessèges que celle de Gagnières. Le bassin de la Grand'Combe n'aurait été envahi par les lagunes houillères qu'après le dépôt des couches de Gagnières, ou au moment de ce dépôt, et les grattes puissantes qui l'auraient d'abord comblé ne seraient pas, malgré la similitude d'épaisseur, contemporaines de l'étage stérile du bassin de Bessèges. Il n'y a même plus, dans cette hypothèse, à s'étonner de la variation rapide des dépôts, puisque les dépôts dissemblables ne seraient pas de même âge ; mais, même s'il venait à être prouvé que l'étage stérile de la Grand' Combe correspond à la partie supérieure de l'étage stérile de Bessèges, la dissemblance n'aurait, rien de choquant, parce qu'entre les deux existe l'arête cristalline du Rouvergue, qui, comme je l'expliquerai, devait former barrière et dont la continuation souterraine doit être' cherchée du côté de la Croix-des-Vents. Avec cette conclusion, toute difficulté disparaît, et l'on arrive à cette conséquence importante pour l'avenir de la Grand'Combe que les couches inférieures doivent exister d'une manière continue, et probablement en augmentant graduellement de puissance, entre les Ouïes et Ricard. Mais alors se dégage une autre conséquence importante, relativement à la faille du col Malpertus. Le puits des Ouïes n'a pas rencontré cette faille ; la seule cassure constatée s'est retrouvée dans les galeries d'exploitation, à la place prévue, et là on a pu constater avec certitude qu'elle n'a que quelques mètres de dénivellation. D'ailleurs