Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 212]

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DANS LA RÉGION DE SAINT-ÉTIENNE

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L'INDUSTRIE MÉTALLDRGIQUE

région. Une salutaire émulation entre les diverses usines les fait rivaliser d'efforts pour doter la Fraie d'un armement dont la supériorité impose le respect aux nations voisines; les expériences et les innombrables

la

essais qu'exige l'artillerie dans les réceptions du matériel de guerre font passer sous les yeux des ingénieurs une

multitude de données qui conduisent à de très grands progrès dans les diverses fabrications. En l875 les remarquables études de A. Brustlein, directeur des. aciéries d'Unieux, amènent ces usines à produire des ferrochromes et des aciers chromés qui présentent des qualités de -résistance et de dureté jusqu'alors inconnues. Les obus de la maison Holtzer, en acier chromé et trempt par des jets énergiques, permettent, quelques années plus tard, d'utiliser réellement la puissance de.la nouvelle artillerie et acquièrent une réputation universelle. Les travaux de A. Brustlein, en mettant ainsi en évidence los qualités des aciers chromés, sont en réalité le point de

départ de la fabrication des aciers spéciaux; on étudie alors les propriétés_ des alliages du fer avec le nickel, le manganèse, etc... ; il en résulte une voie nouvelle ouverte à l'industrie Métallurgique de la Loire. -Le fait capital de Résultats obtenus de 1860 à 1880. la période de 1.860 à 1.880 est la découverte de procédés permettant de produire l'acier fondu en grandes masses.

On peut alors aborder des fabrications nouvelles, et les procédés Bessemer et Martin, mis dès l'origine en application dans la région, y reçoivent de nombreux perfectionnements. La Loire est à la tête du mouvement métallurgique, et les ingénieurs éminents qui dirigent les usines de Saint-Chamond, de Terrenoire, d'Unieux, de Firminy, portent la fabrication des- aciers fondus à un haut degré de perfection. Mais, pour produire les aciers Bessemer au degré de

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carburation voulu, pour déterminer exactement la composition du bain qui, au four Martin, donne des fers ou des aciers dont les propriétés sont connues, les traditions et l'habileté des chefs de service, des contremaîtres et des

ouvriers, ne sont plus suffisantes. Avant 1860, seule la pratique courante indique les matières premières qui conviennent pour les diverses fabrications ; en fait, les ana-

lyses chimiques et même les essais mécaniques s'ont à peu près inconnus. C'est de l'application du procédé Bessemer que datent les laboratoires d'essais mécaniques et d'analyses chimiques dont toutes les usines sont bientôt pourvues.

Les aciers obtenus dans la Loire au convertisseur ou

au four à sole présentent dès l'origine, par suite de l'application des méthodes scientifiques à leur fabrication,

des propriétés remarquables d'où résulte un développement très rapide. Dans la période de 1860 à 1880,_ la production de la fonte et celle des aciers augmentent constamment. C'est ainsi que la quantité de fonte produite dans la Loire passe de 1.0.500 tonnes en 1860 à 26.600 tonnes en 1870, et à 61.000 tonnes en 1880. La production des aciers suit une marche dscendante analogue; elle passe successivement de 17.700 tonnes en 1860,

à 52.500 tonnes en 1870, et à plus de 116.000 tonnes en 1880; elle est alors le tiers de la production totale des aciers en France. Par contre, le fer puddlé dont la production augmente. jusqu'en 1870 ne tarde pas à être graduellement remplacé par l'acier et notamment par le métal Martin ; sa produc-

tion tombe de 96.000 tonnes en 1870 à 76.000 tonnes en 1880, soit environ 8 p. 100 de la production totale en France, et, à cette époque, les rails en fer ne figurent dans ce total que pour quelques centaines de tonnes. La Loire-reste toujours le grand centre de la production des. aciers fins. Pour les aciers puddlés, les aciers