Annales des Mines (1899, série 9, volume 15) [Image 152]

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NOTE A LA COMMISSION DU GRISOU

l'air libre dans les expériences faites à Sevran-Livry par la Commission française avec des charges de 200 grammes,

Probablement à cause de la différence de capacité des chambres d'expériences (r3,750 à Liévin, 10 .mètres cubes à Sevran-Livry). La charge limite dépend donc essentiellement de l'appareil employé et. varie fortement avec les dimensions de celui-ci; rien ne permet d'ailleurs de déterminer a priori quel est celui qui réalise le plus fidèlement les conditions les plus défavorables de la pratique, conditions qui doivent changer d'une Mine à l'autre,

d'un chantier à un autre chantier. Sur le troisième point, les expériences de M. Heise prouvent, d'une façon qui paraît très sérieuse, que les résultats donnés par un explosif de même composition varient du tout au tout suivant le mode de fabrication si, en effet, la dahménite A est granulée au lien d'être pulvérulente, d'explosif médiocre elle se 'transforme en un

explosif très sûr ; or comment répondre que, dans une même fabrique, d'une année à l'autre, et à plus forte raison dans deux usines différentes, l'état physique des matières explosives livrées à l'exploitant de mines sera identique, et n'est-il pas extrêmement probable (sans aller jusqu'aux différences constatées pour la dahménite, dont la charge limite à l'air libre passe du simple au décuple suivant cet état) que des explosifs de même composition -auront des charges limites très -différentes, Suivant leur provenance ?

En somme; les nombreux essais entrepris à la suite des travaux de la Commission française ont tous vérifié les faits certains établis par celles-ci, notamment cette observation capitale qu'un explosif ne peut être qualifié de sécurité qu'à la condition d'avoir une température de détonation inférieure à, 2.200°. Ils ont accru la liste des explosifs qu'on peut faire rentrer dans cette catégorie, mais n'autorisent pas à penser que certains des mélanges

RECHERCHES CONCERNANT LES EXPLOSIFS DE SURETÉ 297

indiqués par la Commission française doivent en être- rayés.

Si l'on a voulu trouver parfois ses théories en défaut, 'c'est que l'on parait leur avoir attribué un sens plus strict que celui qui attachait leurs auteurs mêmes, en leur prêtant notamment cette signification que la sécurité d'un, explosif dépend uniquement de sa température de déto-

nation et est indépendante de la charge; les citations que nous avons faites au début de cette Note des rapports de Mallard montrent bien que les conclusions de la Commission française ont été beaucoup moins affirmatives, et les études poursuivies depuis dix ans les laissent subsister tout entières. Parmi les circonstances multiples influant sur la sécurité

d'un explosif en présence du grisou ou des poussières, c'est bien la température de détonation qui a la part prépondérante, et si l'on -peut admettre avec M. Heise que le classement d'après la température de détonation ne répond pas d'une façon absolument rigoureuse au classement d'après la sécurité déterminée avec l'appareil dont il s'est servi, les écarts entre ces deux classements, dans ses propres expériences, sont assez faibles, et da justesse. du premier est assez nettement vérifiée par les autres essais pour qu'il n'y ait pas lieu, quant à présent, de renoncer à la simplicité de la formule française pour la remplacer par d'autres méthodes dont nous n'entrevoyons pas la supériorité. La Commission française du grisou aura, du reste, prochainement l'occasion de revenir sur la question Si complexe de l'emploi des explosifs de sûreté, notamment en ce qui concerne les limites de-charge. Décembre 1898.

L'Ingénieur en Chef des Mines, Secrétaire de la Commission du grisou, G. CHESNEAU.