Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 269]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

526

DU PAYS DE GALLES EN 1898

contre la théorie du living Wage, du salaire normal, que les patrons ont victorieusement lutté en repoussan.

symptômes. Il n'en est pas moins vrai que c'est ainsi que l'opinion se prépare et que, sous un Gouvernement libé-

le minimum. -

ral,

C'est peut-être par se S côtés politiques que la grève lii

l'autre des deux grands partis qui dominent,

de l'arbitrage gouvernemental a produit une profonde

de gisements minéraux.

impression. Certains organes, même modérés (Fina-nce 23 août), ont qualifié très durement l'attitude des patrons, qu'on a été jusqu'à appeler (, un acte de trahison contre la prospérité nationale ». L'inanité de la législation

,

actuelle sur l'arbitrage a éclaté à tous les yeux ; on a violemment attaqué la propriété individuelle, réclani l'arbitrage obligatoire et la nationalisation des mines. Le XVIII' Congrès de la Fédération démocratique socialiste, tenu à Édimbourg au commencement d'août, a voté un blâme au Gouvernement et s'est solidarisé avec les mineurs du Pays de Galles : cette organisation, qui représente en.Angleterre les théories de Karl Marx, et s'était jusqu'à ces dernières années tenue un peu à- l'écart, fait ainsi un pas de plus dans la voie du rapprochement vers les autres branches du parti socialiste ou ouvrier en Angleterre. Fait bien rare, presque exceptionnel dans l'histoire des grèves anglaises : la police a dû procéder

à des arrestations, et il a fallu faire venir des troupes. Fait autrement significatif : un député aux Communes, questionnant le Ministère sur la suppression des manoeuvres ii

et on sait qu'en Angleterre c'est un fait d'expérience que le pouvoir passe alternativement de l'un à

aura le plus de conséquences. Sans doute, le Gouverne-ment, qui se trouvait alors être un Gouvernement conservateur, n'est intervenu directement qu'autant que la loi le permettait. Malgré lui cependant, il a dû répondre à de nombreuses questions sur la grève, donner aux ouvrier, des conseils que ces derniers ont suivis. L'échec complet

h;

527

LA GlIkVE DES OUVRIERS MINEURS

navales, a émis l'idée .que l'État devrait acheter des mines de houille pour ne plus se trouver à l'avenir dans une situation aussi critique.

Sans doute, dira-t-on, tout cela constitue à peine des

l'histoire

de la grève du Pays de Galles, qui ,aura été après tout un malheur public, sera certainement invoquée comme un épisode marquant de l'évolution socialiste en Angleterre,

et pourra fournir des arguments en faveur des lois restreignant les droits, jusqu'ici si absolus, des propriétaires Enfin la grève aura clairement montré le vice capital du système de l'échelle mobile.

La détermination automatique des salaires par le prix de vente est un système séduisant en théorie. Accepté de part et d'autre, il semble supprimer tout conflit, puisqu'il paraît prévoir toutes les éventualités et régler à l'avance toutes les difficultés. On lui reproche avec raison de donner

lieu à des contestations nombreuses, lorsqu'on l'établit, parce que la fixation du prix de base et celle du taux de l'échelle Sont des éléments qui ne peuvent qu'être fixés ex &quo et bono, d'après l'appréciation concordante des deux partis en présence, et que cet accord est bien malaisé à faire. Mais on pouvait croire que, cet accord une fois établi et consacré par une longue pratique, le système ne donnait lieu qu'a des- difficultés sans conséquences (*).

La grève du Pays de Galles rappelle à

la réalité. Elle prouve, une fois de plus, qu'il est illusoire de vouloir trancher a priori, et pour une longue durée, les difficultés entre patrons et ouvriers, par une convention (*) Parmi ces dernières, il faut citer les contestations qui naissent de l'examen des livres par les délégués du Comité mixte : les ouvriers n'ont cessé,. au cours de la grève, de faire entendre des plaintes, à ce sujet, en disant que les livres communiqués à leurs délégués étaient faussés, et que les prix réels étaient plus élevés que ceux sur lesquels étaient réglés les salaires. Tome XIV, 1898.

34