Annales des Mines (1897, série 9, volume 11) [Image 188]

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NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

M. Massieu s'était créé une grande situation à Rennes. Aussi, quand la réorganisation des services de contrôle l'appela en 1886 à la résidence si enviée de Paris,' en qualité d'Ingénieur en chef du contrôle de l'Exploitation technique des chemins de fer de l'Ouest, ce ne fut pas sans un vif sentiment 'dé regret qu'il quitta cette Ville, où il était entoure de l'estime générale et où il possédait de précieuses sYmpathies. Il dut en même temps renoncer à son cours de la FaCulté ; toutefois, à la 'grande satisfaction de ses collègues, ses relations avec l'Université ne furent pas rompues,' car il fut d'abord miS en congé par le 'Ministre de l'Instruction publique., puis un décret de 9 février 1889 le 'nomma professeur honoraire. A ce moment de sa 'éarrière il' était ingénieur en 'chef de première classe depuis le 29 juillet 1882. Il avait été promu à la seconde classe de ce grade le 15 mai '1877, -et nommé chevalier dé la Légion d'honneur le 11 août 1869. Il ne resta pas. longtemps au contrôle de l'Ouest, car, le 2'1 décembre 1887, il était élevé ati grade d'Inspecteur

général des mines et devenait Directeur du contrôle des chemins de fer de l'Est. Peu de temps après, il' était désigné pour faire 'partie do la Commission militaire supérieure des chemins de fer et de la Commission de la carte géologique détaillée de la France.

Une dernière récompense l'attendait : c'est celle de la croix d'officier de la Légion d'honneur, qui lui fut décernée par un décret du 4 janvier 1892. Dès son arrivée à Paris, M. Massieu se consacra exclusivement à ses fonctions de contrôleur. Il laissa de Côté toute autre occupation et donna tont son temps à ce service délicat, qui a pris une si grande importance, 'Surtout à la suite des conventions entre l'État et les grandes Compagnies de chemins de fer. Pendant son séjour à Rennes, il avait déjà été amené

DE M. MASSIEU

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étudier diverses questions se rattachant à l'exploitation des

voies ferrées et, comme dans tout ce qu'il entreprenait, il y avait donné sa mesure. C'est ainsi qu'ayant été chargé par l'Administration de suivre les essais auxquels devait être soumise, sur la ligne de Vitré à Fougères, une locomotive articulée de M. Rarchaert, il ne se contenta pas de remplir strictement sa mission, mais fit de cette machine une étude théorique très complète au point de vue cinématique et au point de vue dynamique. Le mémoire de M. Massieu fut jugé si remarquable que, sur le rapport de Canon, la Commission des règlements et des inventions concernant les chemins de fer en demanda

l'insertion dans les Annales des Mines (").

La préoccupation à laquelle répondait l'invention de M. Rarchaert était d'obtenir un moteur économique pour l'exploitation des lignes secondaires à profil accidenté. Comme ces lignes offrent souvent à la fois des courbes serrées et de fortes déclivités, il faut, d'une part, que les roues de la machine s'inscrivent dans ces courbes et, d'antre part, que l'adhérence fournie par le poids total puisse être utilisée complètement, ou à peu près. La question était donc complexe, et jusqu'alors les ten-

tatives faites par les constructeurs pour réaliser, avec un moteur unique, l'adhérence totale et la convergence des essieux, n'avaient abouti à aucun type pratique ; on sacrifiait, suivant les cas,' l'une de ces conditions à l'autre. La locomotive Rarchaert, considérée comme véhicule, consiste en un wagon américain, sur lequel est installée la chaudière à vapeur et qui est muni, dans sa partie centrale, d'un faux essieu coudé au milieu, destiné à servir d'essieu moteur. Les deux essieux de chaque truck sont accouplés, à la manière ordinaire, par des bielles hori(*) Anîmles de,. Mines, '7. série, Wine X, 1877,