Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 42]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

l'abondance des pluies. On prétendait que cette pluie du génie Roger provient d'une petite source (Lady's qui, dans le ravin de Cave-.Dale, derrière le château de Péveril (*), se perd dans des fissures rocheuses presque dès sa naissance ; cette hypothèse doit être exacte ; superposant le tracé extérieur de Cave-Dale au tracé intérieur de la caverne, j'ai reconnu qu'il y a peu de distance horizontale- (environ 150 mètres) et 20 mètres de différence de niveau entre la perte de Lady's-Well et la voûte

de Roger-Rain's House (V. la coupe h. 2). En temps ordinaire, cette infiltration constante, qui nous montre, comme bien d'autres swallow ho les, que les terrains cal-

caires anglais ne sont point encore parvenus au desséchement superficiel complet, sert d'aliment au Styx, qu'elle va nourrir par la galerie des visiteurs et la Grande-Salle. Après les fortes pluies, elle doit se subdiviser en deux parties,

et la seconde se déverse dans une autre galerie (Pluto's Dining-Boom) qui s'incline assez rapidement vers le sud ; c'est la continuation de la caverne. Après 150 mètres de parcours et 23 métres de descente, cette galerie tourne

à angle droit et est occupée par un vrai cours d'eau,

beaucoup plus abondant que le Styx, et réel excavateur de ce labyrinthe ; à main gauche (côté est), il disparaît sous une voûte basse où l'on ne peut le suivre ; niais jadis (et maintenant encore aux grandes eaux) il s'élevait jusqu'à Roger-Rain's House, redescendait dans la GrandeSalle, puis remontait un peu la salle des Cloches pour sortir, impétueuse rivière, par la grande arche d'entrée, qu'il délaisse maintenant d'ordinaire : ma coupe fait bien voir, avec les hauteurs deux fois et demie plus grandes que les longueurs, les deux curieux siphons successifs ainsi parcourus par l'ancien torrent ; elle explique aussi (*) Sous le donjon de ce château, M. Rooke Pennington a trouvé et fouillé une petite caverne préhistorique (celtique?) (Quarterly Journal of .the geoloyical Society, t. XXXL.4 875, p. 238).

comment,

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au confluent de Roger-Rain's, il devait se

produire un excès de pression qui a favorisé l'excavation de la galerie du balcon et de. la Grande-Salle. Tout cela

s'est vidé le jour où, conformément à l'universelle loi des cavernes, l'eau a pu se frayer, à un niveau inférieur, une nouvelle voie qui lui évitait l'ascension des. siphons.

Cette voie, impénétrable à l'homme actuellement, est marquée sur -les deux figures par une ligne pointillée (courant inconnu).

La suite de la galerie est désormais en pente fort douce, ne

s'élevant guère que de 4 ou 5 mètres

sur les 300 mètres pendant lesquels on peut la remonter le ruisseau y coule bruyamment- entre des berges d'argile, sur lesquelles on a tracé- un bon sentier qui franchit l'eau cinq fois. La .hauteur du couloir, peu accidenté, sans aucun effondrement, est de 3 mètres en moyenne ; sa largeur est de 4 à .6 mètres.

A la voûte, on remarque les régulières petites ogives de plusieurs .arcades (arches); ce sont des diaclases transversales, agrandies en fuseaux, comme dans la plupart des cavernes ; quelques-unes ont pris la forme de petites coupoles d'érosion; et trois d'entre elles, les principales, sont de grandes fissures d'infiltration, comme celle du des affluents souterrains pareils à Rogervestibule, Rain's, mais ne fonctionnant plus maintenant, sans doute, La dernière qu'après les pluies ou la fonte des neiges. de ces crevasses verticales est un énorme . aven, une de

ces fissures ascendantes que les mineurs de la contrée

nomment des rakes, large de 6 à 10 mètres et incliné de .75 à 80° environ sur l'horizon ; c'est un abîme inache-

vé, c'est-à-dire une cassure que l'érosion n'a pas dilatée jusqu'à la surface du sol, car l'on n'y a pas trouvé son orifice. Il est fort élevé cependant, tout en n'ayant pas sans doute la hauteur de plus de 300 pieds qu'on lui attribue ; s'il l'atteignait, il recouperait la surface du sol, qui,