Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 23]

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APPLICATIONS G-EOLOGIQUES

DE LA SPELEOLOGIE

haut en bas, -par l'action chimique et mécanique à la fois d'eaux engouffrées dans de grandes diaclases verticales...

sont rayés d'une spirale ou hélice que l'eau seule a pu produire (-V. Les Abîmes, p. 4.8, 110, 208, 225, 317,

Origine des abîmes. - Creusement de haut en bas Ma dernière campagne en Grandepar les eaux.

Orgues géologiques. Reproduisant pour les puits naturels la controverse soulevée pour les cavernes au sujet de la prépondérance de la corrosion sur l'érosion, beaucoup d'éminents géologues n'ont voulu voir dans ces tuyaux que des orgues. géologiques, comme celles de la montagne crétacée de Saint-Pierre, à Maëstricht (Hollande), rendues classiques par Faujas de Saint-Fond et Bory de Saint-Vincent ; ils en ont fait avant tout des entonnoirs de décalcification ( Les Abîmes, p. 518); cette exclusion de la force érosive peut être exacte par exemple dans les falaises crétacées du 'pays de Caux (Étretat, Fécamp), etc., des

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Bretagne

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n'a fait que me confirmer. dans cette idée.

Les abîmes d'Irlande et d'Angleterre, en effet, à la différence de ceux des Causses et du Karst, fonctionnent encore en tant que_ puits d'absorption superficielle ; la pénible descente, surtout, que j 'ai effectuée le 1°' août I

895,

dans celui de Gaping-Ghyll (*), profond de 100 mètres, au milieu même -de la cascade qui y tombe, a été l'irréfutable- démonstration matérielle qu'il n'y a point là

de cheminée geysérienne, et que l'érosion (choc de la colonne d'eau et des pierres qu'elle entraîne) est un puissant

facteur d'élargissement nullement exclusif, d'ailleurs, de la corrosion; cette décisive investigation me dispense de résumer les preuves accumulées lors de mes recherches (**),

et attestant que la grande majorité des puits naturels a bien été creusée de haut en bas comme de colossales marmites de géants, plus larges en bas qu'en haut, à cause de l'échappement des eaux par la partie inférieure.

Je suis absolument affirmatif sur ce point. Ceux qui n'absorbent plus d'eau actuellement peuvent être considérés

comme morts ; la plupart ont conservé, d'ailleurs, sur un côté de leur orifice, un thalweg ou un ravinement tracé par les courants d'antan (***). A l'intérieur, certains (*) V. le récit et les résultats détaillés de cette expédition dans Comptes la Nature, n' 1182, rendus de l'Académie des Sciences, 6 janvier 1895 ; et Annuaire du Club alpin-français pour 1895. 25 janvier '1896; (*") V. Les Abîmes, chap . XXIX, p. 516, 336, 111, etc. (***) En dehors de la Grande-13retagne, je citerai comme puits verticaux

absorbant encore des ruisseaux : Pembut de Saint-Lambert (plateau de Caussols, Alpes-Maritimes), le Trou-du-Toro (Maladetta, Pyrénées), la perte de la Ljuta (près Raguse, Dalmatie), certains katavothres de la plaine de Tripolis (Péloponèse), etc., etc.

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336, etc.).

berges du Clain, près Poitiers (V. Daubrée, Eaux souterraines, I, p. 294), qui nous montrent des sections de poches hautes de plusieurs mètres et même de plusieurs décamètres, remplies d'argile rouge. Que l'action chimique seule d'eaux doucement infiltrées ait produit là une totale

et lente décomposition, sans le concours d'aucun effet mécanique, cela est tout à fait vraisemblable ; mais le phénomène est particulier, comme celui du creusement de cavernes par la dissolution du gypse ou du sel ; il convient de ne pas le généraliser et de le considérer plutôt comme une exception, due à la nature de la roche crayeuse et confirmant la règle que j'ai énoncée plus haut ; car ces poches justement n'aboutissent pas, comme les abîmes, à des cavernes, parce que les mouvements érosifs n'ont pas contribué à prolonger leur creusement. Effondrements. Une autre forme d'abîmes que l'on a souvent considérée comme la règle, et où je persiste à ne voir que des exceptions, est celle des effondrements an-dessus du cours de rivières souterraines; l'abbé Paramelle, Fournet, en France, Tietze, Schmidl, Lorenz,