Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 21]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

34

DE LA spÉLÉoLoGIE

APPLICATIONS GF,OLOGIQUES

Ajoutons qu'en 1846-1847, durant la famine des tant

pommes de terre, on entreprit là un grand travail pour fournir de l'ouvrage aux populations affamées, que pour créer une communication aérienne entre les deux lacs, on creusa, de l'un à l'autre, et à même le roc, un canal sinueux de près de 7 kilomètres. D'un seul élément on avait omis de tenir compte : la fissuration et, par suite, la perméabilité du calcaire; jamais le canal ne put tenir l'eau, qui en traversait le fond comme un simple tamis. Il

l'état d'immense fossé sec, qu'on a subsiste toujours nommé « la grande bévue ». Quatre fois, paraît-il, en 1178, 11.90, 1.647 et 4683, la -

rivière qui sort du Lough-Corrib, vers Galway, a tari subitement. M. Kinahan suppose qu'il avait dû alors se rou-

vrir provisoirement quelqu'un de ces déversoirs souterrains, qui existaient jadis encore plus nombreux que maintenant dans les lacs d'Irlande, et que des causes diverses, telles qu'un affaissement du sol ou une obstruction par le sable, ont supprimés depuis dans les bas-fonds lacustres (Kinahan, Valleys, p. 1.59 et 161). 20 Amas d'argile rouge. - Deuxièmement les amas d'argile rouge qui, dans l'intérieur des cavernes, sont aussi souvent, il faut le reconnaître, le produit local de la

décomposition chimique du calcaire que des alluvions apportées de l'extérieur. Fréquemment ces amas ont bouché des galeries rétrécies qu'il serait facile de désobs-

truer (Les Abîmes, p. 539); 30 Dépôts extérieurs de tufs. Troisièmement: au débouché des rivières souterraines, les tufs ou travertins, souvent considérables, déposés principalement quand l'eau sort en

cascades, dont la chute facilite l'évaporation : l'excédent du carbonate de chaux enlevé par l'eau aux roches internes se précipite alors de nouveau, formant la contre-partie du résidu argileux laissé à l'intérieur (Salles-la-Source et grotte de Baume-lessource de la Sorgues, Aveyron ;

.

35

Messieurs, à la source du Dard, Jura (*); Gard (**) ; etc.).

la Beudène,

Érosion : ses preuves. Passant maintenant aux effets de l'érosion, nous verrons qu'elle est bien le principal auteur des décollements (***) de strates qui forment tant d'éboulements; presque toutes -les rivières souterraines ont leur

cours plus ou moins barré par des portions d'assises rocheuses tombées en travers de leurs lits il suffit pour cela que l'eau chasse, dans les joints des strates, les graviers et même les galets, que sa pression d'amont en aval enfonce de plus en plus, comme un coin dans une pièce de bois ; à la longue, le coin fait éclater le joint, et il suffit que la disposition des lithoclases, perpendiculaires. ou obliques aux joints, s'y prête, pour qu'une forte portion de strate généralement parallélipipédique se détache de la voûte ou de la- paroi ; dans sa chute, souvent la strate se brise en gros ou menus fragments ; ceux-ci, roulés

par l'eau, vont faire coin à leur tour entre les strates d'aval ; ceux-là, plus ou moins immergés, achèvent de se désagréger sous le choc ou la morsure du courant

(V. Les Abîmes, p. 540). Ce processus est particulièrement bien indiqué dans la rivière souterraine du Tindoul et de Salles-la-Source et dans la belle source d'Arch-Cave, près Enniskillen (Irlande), que j'ai explorée, en 1895, avec

M. Jameson. Dans la craie blanche, oit je citerai l'antre immense de Miremont ou Cro de Granville (****) (Dordogne ; 4.900 mètres de développement), et les curieuses petites grottes nat-u(*) V. E. RENAULT, Tour du Monde, mai 1894. (**) V. F. MAZAURIC, Spelunca, n° 3, 1895, p. 87.

(**") Ce sont ces décollements de strates qui, à Adelsberg, ont fait imaginer par Schmidl des chutes de cloisons mettant en communication des chambres préexistantes (Adelsberg, p. 133 et 198). (**"") V. Annales des Mines, t. VII, 1822, par Ae.Lou ; et chap. xx des Abîmes.