Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 282]

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NOTE SUR LA QUESTION DES POUSSIÈRES

EN ANGLETERRE.

L'exploitation se faisait à la profondeur de 287 mètres Le district sud-ouest consistait dans une grande taille ab, de 280 mètres environ de développement, ouverte dans la « grande couche » ; on menait l'avancement en

chargé de 250 à 300 grammes de poudre (*). Par suite d'une cassure de la roche au fond même du trou, cassure qui n'avait pas été aperçue, la mine travailla à peine ; si ce ne fut pas un coup ayant positivement fait canon, il peut être considéré comme un coup surchargé n'ayant pas ou ayant à peine travaillé ; en outre, le coup avait été placé de telle sorte que sa direction prolongée

montant suivant la pente de la couche, qui était de 0m,25 par mètre. La taille était desservie par un grand plan incliné, en deux parties, de 550 mètres de développement total ; ce plan servait en même temps de voie d'entrée d'air. Le front de taille était arrivé à 2.200 mètres du puits. L'aérage était assuré au moyen d'un foyer. Le district recevait 2ffie,832 d'air à la seconde avec une vitesse de lrn,50 dans le plan incliné ; les dimensions de ce plan étaient de I mètre à Im,20 de hauteur sur 11'1,80 de large.

Le front de taille était assez humide et par suite peu poussiéreux. Au contraire, le plan incliné et la grande galerie de roulage qui lui faisait suite, sauf sur quelques points de cette dernière où de l'eau séjournait, étaient très poussiéreuses. Le plan incliné était particulièrement envahi par les poussières ; on les ramassait entre les

rails pour les rejeter en tas sur les côtés, contre les parois, jusqu'à ce qu'on les enlevât en vagons ainsi qu'il fallait le faire plusieurs fois par semaine. On n'avait pas besoin de tirer à la mine pour l'abatage de la houille au front de taille ; mais on faisait une assez forte consommation de poudre noire soit pour abattre le mur en vue de donner aux galeries la hauteur nécessaire, soit pour remettre les galeries à dimensions après affaissement du toit. L'inflammation a été déterminée par un coup de mine tiré au ciel du plan incliné au point X à 1.920 mètres du puits. Ce coup, de 0'11,25 de profondeur seulement, et de

47 millimètres de diamètre, percé en remontant, était

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venait rencontrer le sol de la galerie à 3 mètres de distance. Si l'on se rappelle l'abondance de poussières amoncelées sur le sol et particulièrement, parait-il, en ce point (**) ; si l'on ajoute que deux heures auparavant un premier coup avait été tiré, qui avait convenablement travaillé, mais avait déjà provoqué le soulèvement des poussières, on reconnaitra qu'on avait là l'ensemble des circonstances, assez rares à réunir, qui sont nécessaires pour provoquer une inflammation de poussières.

Les flammes se propageant dans la galerie brûlèrent partiellement à 9 mètres en aval du coup, dans un refuge

latéral, le sac en toile où était le repas des ouvriers ceux-ci s'étaient abrités dans un autre refuge à 30 mètres en aval, soit à 39 mètres du coup ; on y retrouva leurs chandelles éteintes, mais en bon état ; les ouvriers ont dû fuir, et leurs cadavres furent relevés étendus sur le sol, plus ou moins brûlés, à 18 mètres plus loin, soit à 57 mètres du coup, en aval.

Comme indication sûre du passage des flammes au delà on n'avait reconnu des croûtes de coke que sur les (*) Cette charge a été évaluée d'après la longueur de la partie

qu'elle occupait suivant les traces laissées dans le rocher; la charge était excessive pour la profondeur du coup qui était trop court; le bourrage ne pouvait pas occuper plus de 0-0.3. (**) L'accumulation exceptionnelle de poussières en ce point provenait de ce que les charbons chargés sur les vagonnets étaient laminés contre le toit par suite du rétrécissement de la galerie en hauteur.