Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 196]

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PROCÉDÉS D'ESSAI

DES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

commencent à se manifester au plus tôt qu'au bout de quelques mois, mais ne le font souvent qu'après des

une influence semblable, surtout dans des expériences à

années. Dans l'essai beaucoup plus énergique par filtration, les résultats ne sont guère plus rapides. « Bien que ce dernier procédé soit évidemment le plus rapide, il exige encore de longs délais, c'est souvent après cinq ou six mois de filtration seulement qu'apparaissent dans les blocs les premiers signes d'une altération extérieure du mortier. » Il ne saurait cependant être question de faire durer six mois des essais de réception. Mais un second défaut beaucoup plus grave de ces essais est de ne donner en fait aucune indication sur la façon dont un mortier se comportera dans les travaux. Tous les membres de la Commission, qui ont eu l'occasion de faire personnellement des essais semblables, ont reconnu que des ciments qui se comportaient très bien au laboratoire peuvent très mal se comporter dans les travaux et réciproquement. L'explication de ce fait est facile à comprendre Vicat a établi que les produits hydrauliques, même les meilleurs, sont immédiatement décomposés lorsqu'ils sont soumis à l'action chimique directe des sels de magnésie, et cela a été confirmé depuis par toutes les expériences ultérieures. Si les maçonneries peuvent résister à la mer, c'est uniquement parce que la pénétration des sels de magnésie se trouve empêchée par des causes diverses : défaut de porosité ou de perméabilité, carbonatation, toutes circonstances qui dépendent beaucoup plus des conditions d'emploi du ciment que de ses qualités. Il est possible cependant qu'à pénétration égale l'altération marche moins rapidement pour certains ciments que pour d'autres. Cela semble résulter des recherches de M. Candlot sur le rôle des sulfates et des aluminates de chaux, mais les essais recommandés par la Commission sont trop profondément affectés par les conditions d'emploi du ciment pour mettre en évidence

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brève échéance comme celles qui ont pour objet des essais de réception.

On peut dire que cette question si capitale des essais à l'eau de mer est encore complètement à étudier. Il

serait regrettable d'adopter, en dehors de toute base expérimentale précise, des essais non concluants qui au-

grave inconvénient d'inspirer une sécurité fallacieuse et de détourner d'entreprendre sur ce sujet raient le

de nouvelles recherches indispensables.

Pour faire avancer la question il y aurait lieu de reprendre et de compléter les études de M. Candlot sur le rôle des sulfates et des aluminates de chaux. Si le rôle entrevu pour ces derniers sels était reconnu exact, il y aurait lieu alors de chercher des procédés d'essais qui permettent de caractériser la présence en plus ou moins grande quantité des aluminates de chaux. On pourrait songer à utiliser dans ce but les deux remarques suivantes faites par M. Alexandre et par M. Candlot. M. Alexandre a reconnu que certains ciments, portés à 1000 pendant quelques minutes, perdaient une fraction importante de leur résistance à la rupture. D'après .quelques essais que j'ai faits sur le même sujet, la perte de résistance pourrait varier de 0 à 90 p. 100. Elle m'a paru plus accentuée pour les ciments à prise rapide, qui sont plus riches en aluminate de chaux.

M. Candlot a reconnu que la rapidité de prise d'un ciment pouvait, dans certains cas, être diminuée consi-

dérablement par la substitution à l'eau douce pour le gachage d'une solution de chlorure de calcium à 2 p. 100. Ce ralentissement, nul pour les silicates de chaux, ne se ferait sentir que sur l'aluminate de chaux.

Enfin j'ai reconnu que l'addition de chaux éteinte ou de magnésie aux ciments alumineux produisait également un ralentissement considérable de la prise.