Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 162]

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PROCÉDÉS D'ESSAI

DES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

On remarquera que le troisième ciment portland dont la prise en pâte pure est trois fois plus lente que celle du premier donne, au contraire, des mortiers dont la prise est plus rapide. Enfin, mes recherches personnelles m'ont donné des résultats analogues. J'ai reconnu, de plus, qu'avec des produits anormaux les écarts pouvaient être infiniment plus considérables encore. Un ciment artificiel incuit qui faisait, en pâte pure, sa prise complète au bout de 1 heure, n'avait pas encore, en mortier 1 : 3, terminé sa prise au bout de huit jours. Il résulte de ces chiffres que pour les produits hydrau-

durée de prise, déduire par un calcul élémentaire la

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liques de qualité normale et des sables ordinaires, le rapport de la durée de prise du 'mortier 1: 3 à la pâte pure varie normalement de 1,5 à 9, c'est-à-dire dans le rapport de 1 à 6. Pour certains produits particuliers l'écart peut être beaucoup plus grand. Un second défaut plus grave encore des essais usuels de prise est de ne pas donner le renseignement qui est directement utile à connaître, mais un renseignement à

côté. Pour les usages pratiques, il importe fort peu de savoir au bout de combien de temps un mortier sera arrivé à un degré de durcissement déterminé ; ce qui est intéressant à savoir, c'est à quel durcissement un mortier

arrivera au bout d'un temps déterminé, qui et fixé par les conditions mêmes d'emploi. Pour des travaux entre deux marées il faudra, pour comparer deux ciments, savoir quelle dureté ils auront pris au moment où ils recevront le premier choc des vagues, c'est-à-dire au bout d'une durée moyenne de 6 heures ; de même pour la confection d'un béton, ce qui est intéressant à connaître, c'est le degré de durcissement qu'aura pris une première couche de mortier quand on viendra appliquer la seconde. Si le durcissement croissait proportionnellement au temps, on pourrait, de la mesure usuelle de la

résistance acquise au bout d'un temps donné. Mais cette proportionnalité n'existe pas. Voici, par exemple, deux ciments de Vassy faisant prise en 5 minutes ; ils sembleraient d'après cela équivalents pour servir d'enduits protecteurs dans des travaux entre

deux marées. Or, l'un au bout de 3 heures possédait une résistance à l'écrasement de 28,5 par centimètre

carré, et l'autre 10kg,7, soit environ moitié moins. Ils ne sauraient donc être considérés comme équivalents. Il faut, avant de chercher la méthode la plus convenable pour les essais de prise, bien définir ce que l'on appelle la prise. D'après les considérations développées plus haut sur le rôle de la sursaturation dans le durcissement des mortiers, il semblerait que la prise, ou commencement du durcissement, corresponde à un phénomène parfaitement défini : celui où les premiers cristaux commencent a se déposer de la solution sursaturée ; la durée de la prise serait alors nécessairement fonction de la quantité d'eau employée pour gâcher le mortier. Cette prise chimique

doit bien exister en réalité, mais elle n'est pas appréciable, sauf peut-être dans les ciments à prise rapide ; pour les autres produits elle passe inaperçue. Il doit d'ailleurs y avoir une série de prises chimiques correspondant à chacun des composés qui concourent au durcissement, et de plus cette prise doit, aux divers points de la masse du mortier, avoir lieu à des époques variables suivant le nombre de germes cristallins disséminés en chaque point. Enfin il semble que dans bien des cas cette prise chimique se produise pendant le gâchage du mortier. Dans la pratique, ce que l'on appelle la prise est tout autre chose ; l'expérience montre que depuis le mélange

de l'eau et du ciment, la solidité de la masse va

en.

croissant progressivement suivant une loi plus ou moins