Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 122]

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NOTE SUR L'EXPLOSION DE GRISOU

avait été d'abord aspirant. L'aérage était alors descensionnel dans les travaux de l'amont-pendage, c'est-à-dire

situés au-dessus du niveau de la recette du puits de la Manufacture, et ascensionnel dans les vieux travaux. Dans ces conditions, le courant d'air entré par le puits des Mottetières subissait un changement de sens vers le sommet des tailles, c'est-à-dire en un point critique sous le rapport des accumulations de grisou. Cette situation provoqua les observations du service des mines: les chantiers en cloches, c'est-à-dire ceux dans lesquels le courant d'air était descendant ( en donnant à cette expression la signification que lui attribuent les Principes à consulter), furent arrêtés, en attendant qu'un travers-bancs pratiqué à un niveau supérieur et aboutissant au puits des Mottetières fût terminé. Lorsque ce percement fut achevé, l'exploitant crut bien faire de rendre l'aérage ascensionnel dans les travaux de l'amontpendage, et, pour cela, il renversa le sens de la marche du ventilateur du puits de la Manufacture. Le 27 septem-

bre 1891, ce puits devint un puits d'entrée d'air, tandis que le puits des Mottetières devint puits de sortie; mais, si cette modification assurait un aérage ascensionnel à la partie de la mine comprise entre ces deux puits, elle rendait le courant descensionnel dans les vieux travaux. D'après les jaugeages anémométriques effectués le

27 octobre, les derniers qui aient été inscrits sur le Tegistre d'aérage avant la catastrophe, il entrait par le puits de la Manufacture un volume d'air égal à 16'13,540. Cette masse d'air se divisait en trois parties, dont l'une, -la plus considérable, était envoyée aux tailles de l'amontpendage des Mottetières, tandis qu'une seconde se dirigeait

vers le puits du Marais, la troisième descendant par le plan Mallet et se rendant ensuite, en partie , à la -11e couche par le puits de la Pompe; le volume de cette troisième branche du courant, évalué en tête du plan

SURVENUE AU PUITS DE LA MANUFACTURE.

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Mallet, fut trouvé égal à11"3,650 ; et si d'autres jaugeages

ont accusé un chiffre plus élevé pour la proportion de ce courant qui descendait à la 11e couche, la discordance

de ces résultats semble devoir être attribuée à l'afflux d'une certaine quantité d'air par le puits du Treuil.

§ 3. Incendies des plans Mallet et Pataud. - Une circonstance cependant donnait un intérêt spécial aux vieux

travaux. Au commencement de 1886, le feu avait fait son apparition en grande couche des deux côtés du plan Mallet. Ce plan, tracé primitivement en grande 8e, se trouvait déjà, par suite d'un élevage, en petite couche, et cette circonstance, jointe à la facilité que l'on avait de dériver vers la région incendiée l'eau qui se rendait au puits de la Manufacture, permit de combattre aisément le feu. On l'attaqua de plusieurs côtés à la fois et, après un remblayage soigné des galeries d'attaque, on le défourna par recoupes contiguës prises en montant à partir du niveau. Ce travail fini, on conserva autour de la partie

remblayée deux bouts de niveau et une descente, afin d'exercer une surveillance constante sur la région. Au sud du plan Mallet, on défourna aussi un petit quartier ; on se borna ensuite à établir, dans les niveaux qui desservaient auparavant les tailles de l'exploitation située sous la Manufacture d'armes, des barrages, ou plus exactement des anneaux de terre damée, de quelques mètres de longueur.

Terminés en mai 1887, ces travaux n'avaient pas été retouchés depuis ; mais en juin 1888 les exploitants, inquiets des dégagements de mauvais gozit qui se produisaient dans la région, avaient entrepris de nouveaux travaux en amont du plan Pataud. Le feu avait alors apparu, et comme on ne pouvait lutter de vitesse avec lui, on avait dû se borner à barrer le niveau au sud comme au nord. On avait exécuté en même temps deux barrages