Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 97]

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ET OS FOSSILES.

,..OS MODERNES

termes, qu'a l'atmosphère ou à l'eau. Mais, comme nous .ne connaissons aucun état chimique du fluor, sous lequel il

ait pu se répandre, à l'état gazeux, dans l'atmo-

sphère humide et dans les couches sédimentaires, nous sommes obligés de conclure qu'il n'a pu pénétrer dans ces couches que sous la forme de dissolution aqueuse. C'est donc, en définitive, aux infiltrations d'eaux, qui sont

venues, par la suite du temps, en contact avec les os fossiles, qu'il faut attribuer leur enrichissement en fluor,

aussi bien que leurs autres transformations :

fixation

d'oxyde de fer, fixation et, plus rarement, disparition de carbonate de chaux, dissolution de phosphate, etc... Selon toute vraisemblance, les eaux d'infiltration ont

apporté des traces de fluorure dissous et ces traces se sont fixées progressivement sur le phosphate de chaux, en vertu d'une sorte d'affinité que l'on a droit de soupçonner, en remarquant que tous les phosphates de chaux cristallisés renferment du fluor (ou du chlore) en quantité constante. Mais on peut demander d'autres preuves. L'affinité du phosphate de chaux pour le fluorure ou pour le chlorure de calcium, à haute température, a été démontrée par les expériences faites en vue de la synthèse de l'apatite, synthèse que l'on sait avoir été réalisée, d'abord par M. Daubrée (au moyen de la chaux et du chlorure de phosphore) , puis par Forchhammer (phosphate de chaux et chlorure de sodium) et par H. SainteClaire Deville et Caron (phosphate de chaux et chlorure de calcium). J'ai cherché à m'assurer par des expériences directes si la même affinité était sensible à froid et par voie humide, et si le phosphate de chatix des os pouvait fixer du fluorure de calcium dans des conditions analogues à celles où ont dû se trouver les ossements fossiles (sauf pour la

durée du temps et pour le degré de concentration des liquides).

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Expérience n° 1. - Un os de lamantin moderne. a été placé en fragments dans 200 centimètres cubes d'une solution de fluorure alcalin au cinquantième, contenant 2 grammes de carbonate d'ammoniaque; à des intervalles

de temps plus ou moins longs, des fragments de cet os ont été retirés , soumis à un lavage très soigné séchés et soumis à l'essai pour fluor.

puis

L'os, dont la teneur en fluor était primitivement de 0,31 p. 100, après avoir séjourné 15 jours dans la solution, était arrivé à la teneur de 1,70 p. 100; après un mois de séjour, il contenait 2,81 p. 100 et, au bout de 5 mois, 4,74 p. 100 La teneur en acide phosphorique avait, au contraire, baissé de 38,93 à 35,06.. Il y avait donc eu formation de fluorure de calcium au

détriment du phosphate de chaux et du carbonate de chaux (*) primitifs et il s'était formé un mélange plus fluoré quel'apatite ; car celle-ci n'aurait contenu que 3,13 {le fluor, au lieu de 4,74 p. 100. Deux expériences analogues Expériences 2 et 3.

ont été faites avec des solutions de chlorures, où l'on avait placé des fragments d'os de lamantin, contenant, au début, 0,16 p. 100 de chlore sous forme de composé Après 3 mois de séjour dans une solution insoluble. au dixième de chlorure de sodium, on y a trouvé 0,16 p. 100 de chlore insoluble. Après 3 mois de séjour dans une solution contenant 1/20' de chlorure de sodium et 1/20' de chlorure de calcium, l'os contenait 0,24 p. 100 de chlore à l'état de composé insoluble. Il n'y avait donc pas eu fixation de chlore par l'action -du chlorure de sodium seul sur le phosphate de chaux, (*) Il est facile de constater qu'une dissolution étendue de fluorure alcalin en présence de carbonate de chaux, donne nais-

sance à du fluorure de calcium, que l'on peut, après calcination légère, isoler du carbonate de chaux par l'acide acétique faible.